GOLDEN EIGHTIES« Les Amandiers » retrouve la jeunesse éperdue des enfants de Chéreau

« Les Amandiers » : Valeria Bruni-Tedeschi retrouve la jeunesse éperdue des enfants de Chéreau

GOLDEN EIGHTIESValeria Bruni-Tedeschi revient sur ses années de jeunesse à l’Ecole des Amandiers de Nanterre, dont le théâtre était dirigé par Patrice Chéreau
Stéphane Leblanc

Stéphane Leblanc

L'essentiel

  • Valeria Bruni-Tedeschi se souvient de ses jeunes années à l’école de théâtre fondée par Patrice Chéreau dans « Les Amandiers ».
  • L’actrice franco-finlandaise Nadia Tereszkiewicz, dans un rôle qui rappelle la jeune Valeria Bruni Tedeschi, est la révélation du film.
  • Ce n’est pas un biopic, assure la réalisatrice, mais comment retranscrire l’esprit de cette époque sans trahir les protagonistes.

Sexe, drogue et passion théâtrale. A Nanterre dans les années 1980, un théâtre rayonnait dans l’Europe entière : Les Amandiers dirigés par Patrice Chéreau. Le metteur en scène avait mis en place une école exigeante et réputée. Valeria Bruni-Tedeschi n’a jamais caché ce qu’elle devait à cette époque. C’est là qu’elle a fait des débuts remarqués dans le rôle de Sofia, l’amour de jeunesse de Platonov, la pièce de Tchekhov que Chéreau a simultanément adapté au cinéma. C’est là aussi qu’elle eut une liaison amoureuse intente et tumultueuse avec l’un de ses camarades. Dans Les Amandiers, elle s’appelle Stella et lui Etienne. Nadia Tereszkiewicz, la révélation du film, et Sofiane Bennacer, ténébreux à souhait, incarnent ce couple vibrant de cinéma.



« Les Amandiers, ce n’est pas un biopic », prévient la réalisatrice du film Valeria Bruni-Tedeschi. C’est quand même une histoire dont les protagonistes sont identifiables (Louis Garrel en patrice Chéreau ou Clara Bretheau qui fait beaucoup penser à Eva Ionesco), dans des lieux identifiables (les Amandiers reconstitués à Créteil car le théâtre de Nanterre était en travaux), avec en toile de fond les préoccupations de l’époque : la menace du sida qui commence à faire des ravages, les rails de cocaïne qui rivalisent avec les doses d’héroïne).

Personne ne devrait être en colère

« Ce sont des périodes de ma vie qu’on a reprises avec mes coscénaristes Noémie Lvovsky et Agnès de Sacy pour en faire de la fiction, souligne Valeria Bruni-Tedeschi, parce que seule la fiction permet d’arracher les souvenirs à la nostalgie. » Des souvenirs dont la reconstitution, criante de vérité, ne fera pas que des heureux, on s’en doute. « Certains seront contents ou rassurés, d’autres déçus ou gênés, concède Valeria Bruni-Tedeschi. Mais l’amour que je porte à mes personnages fait que personne ne devrait être en colère ou se sentir blessé. »

De Patrice Chéreau, physiquement différent et pourtant convaincant sous les traits de Louis Garrel, Valeria Bruni-Tedeschi ne cache rien de l’autorité parfois blessante : « Ce n’était pas quelqu’un cool, reconnaît-elle. C’était un bourreau de travail qui nous bousculait, qui nous poussait dans nos retranchements, mais il adorait les acteurs. » Il y a aussi Pierre Romans, le directeur de l’école, moins connu que Chéreau car disparu très tôt, en 1990, auquel Micha Lescot apporte une belle incarnation.

Trois anciens camarades de l’école

A leurs côtés dans le rôle des adultes, Valeria Bruni-Tedeschi fait tourner trois de ses anciens camarades de l’école, moins connus que Vincent Perez, Thibault de Montalembert, Bruno Todeschini, Marianne Denicourt ou Agnès Jaoui, mais qui restent essentiels à ses yeux : Isabelle Renauld, Bernard Nissille et Franck Demules, dont la femme est morte du sida. « Ce sont des acteurs importants pour moi, explique la réalisatrice. Trente-cinq ans après, on continue à faire tous partie de la vie des autres. »