CINEMANicolas Cage dans la folie de l'après-Katrina

Nicolas Cage dans la folie de l'après-Katrina

CINEMAL'acteur incarne un flic ripoux et drogué dans «Bad Lieutenant: Escale à La Nouvelle-Orléans»...
Eva Mendes et Nicolas Cage dans le film mis en scène par le cinéaste Werner Herzog.
Eva Mendes et Nicolas Cage dans le film mis en scène par le cinéaste Werner Herzog. -  METROPOLITAN FILMS
Caroline Vié

Caroline Vié

Si l'indice de folie se calculait en entonnoirs, il y a fort à parier que Nicolas Cage et Werner Herzog en auraient plusieurs comme chapeau. Le duo s'est visiblement entendu comme larrons en foire pour Bad Lieutenant: escale à La Nouvelle-Orléans ou les aventures d'un flic ripoux et drogué. «Rien ne m'énerve davantage que quand on dit que mon film est un remake de celui d'Abel Ferrara, déclare le cinéaste Werner Herzog. Je n'ai pas vu son Bad Lieutenant et le mien n'a donc rien à voir.»

Une performance hallucinante

Le réalisateur d'Aguirre, la colère de dieu et de Fitzcarraldo est arrivé à rendre encore plus déjanté son personnage de policier tapé que ne l'était Harvey Keitel dans le Ferarra et pourtant, dans la rubrique «camisole mon amie», le bon Harvey se posait un peu là! «Nicolas Cage m'a tout donné, explique Herzog. Je n'avais jamais rencontré un acteur aussi indifférent devant son apparence et capable de se mettre dans des états pareils avec autant d'abandon.» Quand on se souvient qu'Herzog a quand même dirigé Klaus Kinski, connu pour avoir tiré à balles réelles sur des figurants, le respect s'impose immédiatement.


Bad Lieutenant - la bande annonce

«Hallucinée» est sans doute le mot qui définit le mieux la performance de Cage, tellement extrême qu'elle en devient hypnotisante. L'homme a des visions d'iguanes chantants et une façon un poil brutale de mener ses interrogatoires après avoir ingéré des substances illicites. «Je hais les films tièdes car mon but est de provoquer une réaction chez le spectateur, lâche Herzog. Je ne supporte pas l'idée que les gens puissent croquer leur pop-corn en regardant l'un de mes films!» Il est vrai qu'on a moins faim après avoir vu une mamie agoniser parce que le héros lui a enlevé son respirateur pour la forcer à coopérer. Les âmes sensibles et les amoureux d'un cinéma sage ne passeront pas par ce polar excessif et fascinant sis dans La Nouvelle-Orléans de l'après-Katrina. Ceux qui oseront pénétrer dans son univers s'offriront des moments de francs délires et de vrais frissons.


Culte originel

C'est en 1992 qu'Abel Ferrara a signé Bad Lieutenant. Le comédien Harvey Keitel, dont le jeu était, paraît-il, quelque peu soutenu par l'ingestion de toutes sortesde substances, s'y promenait dans le plus simple appareil quand il ne terrorisait pas des jeunes filles innocentes en les contraignant à mimer une fellation. Alors, plus fou ou moins fou que Nicolas Cage ? A vous de juger sur pièces et en salles, où le film ressort dès aujourd'hui.