Peter Jackson a remisé les armes du Seigneur des anneaux et rangé son costume d'aventurier de King Kong. Lovely Bones, d'après La Nostalgie de l'ange d'Alice Sebold (éd. Robert Laffont), est un film à taille humaine sur une héroïne bouleversante. A peine a-t-on eu le temps de s'attacher à cette gamine lumineuse, bien dans sa vie, qu'elle se fait massacrer par un voisin pédophile. Cette fin brutale marque un nouveau début pour l'adolescente, témoin de la douleur de sa famille qui rêve de vengeance en tentant d'accepter sa mort.

Graine de star

«L'histoire m'a touchée sans me traumatiser parce qu'elle est poétique sans être macabre», explique Saoirse Ronan, 15 ans, qui joue la jeune morte. Cette comédienne irlandaise, remarquée dans Reviens-moi de Joe Wright, a tout d'une grande. Elle évolue en apesanteur dans une oeuvre où l'onirisme et la trivialité du quotidien cohabitent en parfaite harmonie. «Je ne me suis sentie mal que pendant les scènes avec Stanley Tucci», avoue-t-elle. On la comprend: difficile de reconnaître l'esthète bien mis de Julie et Julia quand on voit le comédien en croque-mitaine banlieusard, oeil torve et cheveu gras. Sa présence fait peser une atmosphère de cauchemar enfantin sur une oeuvre magique, résolument optimiste malgré son sujet. Si Jackson ose parfois des scènes mystiques dont l'esthétique oscille entre «Barbie, toi ma star» et «Mon petit poney», ces scories ne nuisent pas à l'émotion qui se dégage d'une belle histoire. Les amoureux de Créatures célestes (son conte au féminin de 1995) évolueront en terrain connu. Les autres découvriront une nouvelle facette de l'art d'un cinéaste sensible.


LOVELY BONES : Bande annonce VF