«C'est l'adolescence telle qu’on peut la vivre à n'importe quelle époque»
INTERVIEW•Vincent Lacoste et Antony Sonigo incarnent les ados des «Beaux gosses», le premier film de Riad Sattouf qui sort mercredi...Propos recueillis par Sandrine Cochard
Ados à l’écran et surtout à la vie, Vincent Lacoste («15 ans, bientôt 16») et Antony Sonigo («16 ans, bientôt 17»), deux jeunes comédiens parisiens, y sont pour beaucoup dans la réussite des «Beaux gosses», le film de Riad Sattouf qui ausculte les mœurs et les tourments adolescents. Le premier incarne Hervé, physique ingrat et mère dépressive, qui tente de sortir de la spirale infernale des râteaux assassins. Le second est son pote Camel, coupe mulet et débit de mitraillette, un ado dopé aux hormones dont le fantasme ultime est de sortir avec une MILF.
C’est avec la même spontanéité et le même phrasé traînant de leurs personnages que les deux jeunes comédiens reviennent sur leurs parcours. Interview croisée.
«Les beaux gosses» vous semble-t-il fidèle à la vraie vie des ados?
VL: Oui, notamment dans le langage exprimé. J’ai beaucoup reconnu Sonigo. Le premier jour de tournage, il est arrivé avec un catalogue de vente par correspondance en nous disant que c’était son support préféré pour ses plaisirs solitaires… (rires)
AS: Et lui a donné l’idée de la chaussette (utilisée lors d’une scène de branlette, ndlr) à Riad donc vous voyez, on est très complémentaire! Sérieusement, ce film est représentatif de l’adolescence mais pas forcément actuelle. Les ados du film sont atemporels et peuvent faire écho à ceux des années 1980 par exemple. C’est l’adolescence telle qu’on peut la vivre à n’importe quelle époque. Beaucoup de gens du public nous ont dit à l’issue des projections qu’ils s’étaient reconnus dans le film.
Ce film vous a-t-il rappelé des souvenirs? Comme votre plus beau râteau?
AS: En tant qu’expert sentimental, je n’en ai jamais eu (rires). Ah si, une fois en colo, je me suis rendu compte que la fille que je convoitais était davantage attirée par les filles…
VL: Je me suis jamais pris vraiment de râteau. Quand on sait que ça ne va pas marcher, vaut mieux pas tenter. Par contre, ça m’a rappelé l’ambiance du collège, le côté «tout le monde veut sortir avec tout le monde».
Aviez-vous déjà fait du cinéma avant de tourner «Les beaux gosses»?
VL: C’était ma première expérience. J’ai été pris un peu au hasard. J’étais en train de déjeuner à la cantine et une dame m’a donné un papier pour faire un casting. J’y suis allé et j’ai été pris.
AS: J’avais déjà fait un téléfilm qui s’appelle «Je pense à vous tous les jours» et une imitation de Chouchou, de Gad Elmaleh. J’avais postulé pour le précédent projet de Riad, un court-métrage pour lequel il ne m’avait finalement pas retenu, et il m’a rappelé pour «Les beaux gosses».
Sur le plateau, étiez-vous libres d’improviser ou tout était-il très écrit?
AS: On signalait les mots que l’on n’utilisait pas dans notre langage et on les reformulait. Si on ne parvenait pas à prononcer une phrase parce qu’elle n’était pas assez naturelle, on pouvait la modifier. Par exemple, c’est moi qui ai lancé l’expression «la tête de cul de l’univers» au début du film.
Ça vous a plu d’incarner ces personnages un peu losers?
VL: Ces personnages sont un peu ridicules, c’était drôle à jouer. Ils sont super kitch.
AS: Moi ça m’a amusé pour le look: mon personnage a les cheveux longs et écoute du métal et celui de Vincent a une coupe à la Coluche et écoute du rap… C’était super à jouer.
Quelle est votre scène préférée?
VL: Celle où je mets le doigt dans la bouche de Camel pour lui expliquer comment on roule une pelle.
AS: Celle où Vincent et sa mère s’engueulent dans la salle de bain.