FESTIVALSpike Lee: «Personne ne filme mieux les Blacks qu'un Black»

Spike Lee: «Personne ne filme mieux les Blacks qu'un Black»

FESTIVALL'invité d'honneur du festival de Deauville: Spike Lee...
Caroline Vié

Caroline Vié

Le cinéaste aura-t-il le sourire en étant honoré successivement par le festival de Deauville et la Cinémathèque française? Pas gagné. Spike Lee, fan de jazz et de base-ball qui soutient griffes et ongles la candidature de Barack Obama, n’est pas un joyeux drille: même son César d’honneur, reçu en 2003, n’était pas parvenu à le dérider.


Né en 1957 à Atlanta, Spike Lee a grandi à Brooklyn avant d’être révélé par un premier film amusant: Nola Darling n’en fait qu’à sa tête (1983), comédie ancrée dans la communauté afro-américaine.


«Je donne la parole à des gens qui n’ont pas accès aux médias. Personne ne filme mieux les Blacks qu’un Black», nous déclarait le réalisateur en 2003, sans esquisser l’ombre d’un sourire. Le nom de sa maison de production reflète son militantisme: «40 acres and a Mule» [«de la terre et une mule», ndlr], évoquant les fausses promesses de politiciens blancs aux esclaves libérés.

Des films qui font grincer


Visiblement, l’homme agace. Certains de ses films suscitent des polémiques. Do the Right Thing (1989), autopsie d’une émeute intercommunautaire, ou Malcolm X (1992), portrait d’un activiste controversé, le font taxer d’incitation à la violence raciale. «Si un blanc avait réalisé ces films, personne ne se permettrait ce genre d’accusations. Mes scénarios sont basés sur des faits objectifs», proteste le cinéaste. S’il flirte avec le cinéma de genre en réalisant polar (Inside Man, 2006) ou comédie musicale (School Daze,1988), Lee revient toujours à un cinéma engagé.


En 2006, il signe un documentaire dénonçant la gestion du gouvernement Bush face au désastre de l’ouragan Katrina à la Nouvelle-Orléans. Pour la soirée de son hommage, il a choisi de présenter son nouveau film, Miracle à Santa Anna. Il y célèbre les hauts faits d’une poignée de soldats noirs dans l’Italie de la Seconde Guerre mondiale. Spike Lee l’a réalisé comme une réponse à Mémoires de nos pères de Clint Eastwood, qu’il a vertement accusé de ne pas montrer d’Afro-Américains dans sa reconstitution de la bataille d’Iwo-Jima. Leurs échanges verbaux musclés font regretter l’absence de Dirty Clint sur les Planches.

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