CRITIQUE«Valse avec Bashir» d'Ari Folman: La mémoire en cendres

«Valse avec Bashir» d'Ari Folman: La mémoire en cendres

CRITIQUE«Valse avec Bashir», en route pour la Palme d'or?
Stéphane Leblanc

Stéphane Leblanc

Difficile de ne pas sortir sonné de «Valse avec Bashir», très audacieux «documentaire d’animation» sur les massacres des camps de Sabra et Chatila, en septembre 1982, présenté en compétition à Cannes. Son réalisateur, Ari Folman, se met lui-même en scène en jeune soldat israëlien, témoin involontaire des exactions commises par des chrétiens phalangistes sur des réfugiés palestiniens en représailles à l’assassinat du président libanais tout juste élu Bachir Gémayel, confesse dès le début du film ne se souvenir… de rien en dehors des cauchemars qui hantent ses nuits. Et voici cet homme, devenu mûr, qui engage auprès de ses anciens camarades de guerre une enquête, plus psychanalytique que journalistique ou policière.




Que s’est-il vraiment passé? Qu’a-t-il réellement vu? Et quelles sont les raisons de son amnésie? C’est là le cœur du sujet de «Valse avec Bashir», et ce qui en fait un vrai grand film de guerre: son sujet dépasse les faits pour interroger la mémoire d’un homme, ou plutôt sa capacité à encaisser le choc. Et, partant, le pouvoir de l’humanité entière à «oublier» les innombrables massacres perpétrés en temps de guerre. L’avantage de l’animation, c’est de pouvoir alterner les visions réalistes et fantasmées des évènements.


L’intérêt du documentaire, c’est d’apporter une distance vis-à-vis de l’action: un temps pour la réflexion. Bref, ce film intelligent, beau et brutal fait déjà figure de grand prétendant à la Palme d’or.

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Note (temporaire): 9/10