Comment sauver la vie d’un homme qui ne vous fait pas confiance ? Visiblement, le travail de l’avocat fascine le cinéaste japonais Hirokazu Kore-eda qui lui consacre un film, The Third Murder, présenté à la Mostra de Venise puis au Festival de Beaune. Le réalisateur de Notre petite sœur fait partager au spectateur les angoisses d’un professionnel de la défense confronté à un client auquel il espère éviter la peine de mort, bien qu’il lui mente constamment.

« Quand je travaillais sur Tel père, tel fils, des avocats et autres responsables juridiques m’ont affirmé qu’un tribunal n’était pas l’endroit où se détermine la vérité », explique le cinéaste japonais. C’est en partant de ce postulat que le réalisateur a commencé à composer une intrigue complexe autour d’un suspect manipulateur.

Vérité et/ou mensonge

Le jeune avocat idéaliste tente de faire le tri entre les différentes versions des faits que lui sert un repris de justice déjà condamné pour meurtre. Cela rend l’intrigue parfois confuse mais ajoute au suspense un côté oppressant. « Ici, tout le monde ment », déclare un personnage. Et le spectateur, à l’instar du héros, finit par en être convaincu après s’être plongé dans les rouages de la machine judiciaire japonaise.

L’enfer du parloir

Il est impossible de ne pas penser à de récentes affaires criminelles françaises devant les déclarations du suspect, qui diffèrent des précédentes. Une séquence de parloir particulièrement intense, notamment, repousse les limites du huis clos. Kore-eda sait coller à ses acteurs pour faire partager la puissance de leurs dissensions. Rarement le public aura eu à ce point la sensation de se trouver au cœur d’échanges capitaux pour justifier le choix entre le glaive et la balance.