VIDEO. «The Rider»: Dur dur d'être un cow-boy aujourd'hui (et un indien aussi)
WESTERN•Dans « The Rider », Chloé Zhao brosse le portrait d'un cow-boy dans l’Amérique d’aujourd’hui…Caroline Vié
L'essentiel
- «The Rider » décrit le quotidien d’un cow-boy blessé qui tente de redonner un sens à sa vie.
- La réalisatrice des « Chansons que mes frères m’ont apprises » oscille entre documentaire et fiction.
- Ce film passionnant a été récompensé à Cannes et à Deauville.
Chloé Zhao a l’Ouest américain dans la peau. Après avoir fait découvrir la vie dans une réserve indienne avec Les chansons que mes frères m'ont apprises, c’est la destinée d’un jeune cow-boy blessé dans un accident de rodéo qu’elle dévoile dans The Rider. Elle fait montre d’autant de pudeur que d’empathie pour brosser le portrait de ce garçon d’une vingtaine d’années qui a perdu son gagne-pain et sa passion.
Risquer sa vie pour sa passion
Ce film récompensé à la Quinzaine des réalisateurs à Cannes et lauréat du Grand prix du Festival de Deauville, oscille entre documentaire et fiction pour trouver un ton qui lui est propre et envoûter le spectateur. Barry Jandreau, indien de la tribu Sioux des Brûlés que suit le film, a réellement eu la tête écrasée par un cheval en 2016. Il tente de redonner un sens à sa vie quand les médecins lui interdisent de pratiquer l’équitation. « L’expérience de Barry m’a bouleversée, avoue Chloé Zhao. Mais elle va beaucoup plus loin que sa propre histoire ne me permettant de montrer une Amérique que peu de gens connaissent. »
« Si j’étais un animal, on m’aurait piqué »
Dans une famille où pratique le rodéo de père en fils, il est impossible de se recycler en employé de supermarché, comme le montre bien le film. « Ce que je décris est la vie d’une jeunesse déshéritée qui n’a pas grand-chose à voir avec la vision idéalisée du cow-boy que montrent les westerns traditionnels », précise la cinéaste. Son héros n’a rien d’un John Wayne mais il risque sa vie pour pratiquer la seule chose pour laquelle il estime être fait. « Si j’avais été un animal, on m’aurait piqué, dit Brandy Jandreau dans le dossier de presse. Je suis inutile si je ne peux pas accomplir ce pour quoi je suis destiné. »
Une réflexion sur la masculinité
Entre sa sœur autiste et son père bourru, Brady Jandreau dresse des chevaux au cœur des paysages sauvages du Dakota, de pures merveilles à la fois hostiles et sublimes. Sa vie semble aussi rocailleuse et âpre que l’environnement dans lequel il évolue tout en dégageant la même impression de grandeur. « The Rider est une réflexion sur la masculinité et ce que représente le fait d’être un homme américain aujourd’hui », insiste Chloé Zhao. Elle filme les Amérindiens sans pathos mais son amour et son respect pour eux affleure constamment. The Rider est de ces films dont sort avec une meilleure image de l’espèce humaine.