«La Ch'tite famille»: Pourquoi chaque film de Dany Boon est un carton au box-office?
PHENOMENE•Le dernier film de Dany Boon est déjà un carton avant même sa sortie, mais comment est-ce possible et comment l’acteur-réalisateur fait-il ?….V. J.
Déjà 300.000 entrées pour La Ch'tite famille… avant même sa sortie ! En effet, le dernier film de Dany Boon est visible dans les Hauts-de-France depuis vendredi, et a déjà engrangé près de 150.00 entrées, auxquelles il faut ajouter les avant-premières. La promesse d’un succès au box-office lors de sortie nationale ? Bienvenue chez les Ch’tis et Rien à déclarer avaient eu le droit à la même stratégie de sortie, avec au final plus de 20 millions de spectateurs pour le premier, et huit millions pour le second.
Plutôt encourageant pour La Ch’tite famille, et dans le « pire » des cas, le film devrait faire au moins autant que Raid Dingue et ses 4,5 millions, soit le film français avec le plus d’entrées en 2017 et donc le futur lauréat du premier César du public. Mais comment fait-il, quel est le secret de Dany Boon pour faire un carton à chaque film ? Elements de réponse.
Une personnalité
Avec Jean-Jacques Goldman, Yannick Noah et Omar Sy, Dany Boon fait partie des personnalités préférées des Français. S’il n’a pas jamais été premier du célèbre Top 50 Ifop-JDD, il n’est jamais loin, cinquième en 2016 et quatrième l’année dernière.
Sa relation avec le public s’écrit d’abord sur scène avec plusieurs one man show dans les années 1990, et déjà une relation de comédie et de complicité, où il joue de ses origines chtimis, des petits riens et des gros clichés, et de lui-même. De son vrai nom Daniel Hamidou, Dany Boon devient un personnage à part entière, qu’il prend quasiment à l’identique au cinéma, dans les films Le Déménagement, La Doublure, Mon meilleur ami, puis ses réalisations, La Maison du bonheur et bien sûr Les Ch’tis.
Une région
Car Dany Boon n’a pas oublié d’où il vient. Même s’il est arrivé à Paris à la fin des années 1980, même s’il a vécu à Los Angeles et à Londres, l’acteur et réalisateur ne parle que de sa région, le Nord-Pas-de-Calais, dans les médias, ses spectacles, ses films. Avec Bienvenue chez les Ch’tis, il n’a pas seulement signé une déclaration d’amour, il en est devenu le représentant, le fils prodigue. « D’autres films ont tenté la comédie régionale, comme Mission Pays Basque, Marseille de Kad Merad ou C’est beau la vie quand on y pense de Gérard Jugnot sur la Bretagne, commente Thomas Fouet des Fiches du cinéma. Mais aucun n’a rencontré le même succès. »
Les Ch’tis ont peut-être bénéficié de l'actualité locale de l’époque, les élections municipales de 2008, ou alors, le Nord renvoie une telle image de convivialité et d’universalité d’une région à la française, d’une histoire et d’une langue, que tous les Français peuvent s’y reconnaître, s’y projeter le temps d’un film. « Toujours est-il que La Ch’tite famille tient autant du geste artistique que politique, ajoute Thomas Fouet, car Dany Boon célèbre une région aujourd’hui disparue, fusionnée avec les Hauts-de-France. » C’est l’enjeu même du film, où son personnage a menti sur ses origines, et à la suite d’un accident, perd la mémoire et se retrouve 20 ans en arrière, « plus ch’ti que jamais ».
Une famille
Kad Merad, Anne Marivin, Valérie Bonneton, Pierre Richard, Jérôme Commandeur, Guy Lecluyse… D’un film à l’autre, Dany Boon fait appel aux mêmes acteurs, dans des rôles plus ou moins importants. Kad Merad était la star de Bienvenue les Ch’tis, il tient un second rôle dans Supercondriaque et fait une apparition dans La Ch’tite famille.
Il a créé autour de lui une famille d’acteurs reconnaissables et rassurants, qui, film après film, prend des airs de « grande famille du cinéma français », avec même des figures d’autorité et de sagesse incontournables et inattaquables, Michel Galabru dans Bienvenue chez les Ch’tis et Line Renaud de retour dans La Ch’tite famille.
Un poisson hors de l’eau
« Je n’ai jamais voulu faire la suite de Bienvenue chez les Ch’tis, jamais, affirme Dany Boon au micro de LCI. On me l’a demandé, on me l’a supplié, on me l’a recommandé. La Ch’tite famille est une autre histoire, mais c’est mon univers, c’est mon écriture. » Et toujours le même ressort comique, le fameux « poisson hors de l’eau » : un postier du Sud muté dans le Nord, un douanier belge et francophobe obligé de faire équipe avec un Français, une femme seule au sein du très viril Raid…
« Tous ses films reposent sur le même choc des cultures, sexes, régions, milieux, explique le rédacteur des Fiches du cinéma. Il fait mine de jouer avec les archétypes, de les déjouer, pour mieux les entretenir et maintenir un statu quo. » Paresseux ou efficace, c’est selon.
Une sortie avancée
Lorsque Bienvenue chez les Ch’tis sort avec une semaine d’avance dans le Nord en février 2008, il s’agit avant tout d’un coup de promo, d’une avant-première. Mais avec 500.000 entrées en une semaine et une quatrième place au box-office, le distributeur Pathé sent qu’il se passe quelque chose, et décide de doubler le nombre de copies, de 400 à près de 800, pour la sortie nationale. La suite appartient à l’histoire du cinéma français, et a bien sûr créé un précédent, repris à l’identique pour La Ch’tite famille.