VIDEO. Nikon Film Festival: Maintenant que les prix ont été remis, comment gagner l'an prochain?
WEB•Le palmarès du Nikon Film Festival révélé jeudi soir réunit tous les ingrédients qui font les meilleurs films de 2 minutes et 20 secondes… Aucune raison que ce ne soient pas les mêmes l’an prochain…Stéphane Leblanc
L'essentiel
- Le film « Je suis une blessure » a remporté le Grand Prix du Nikon Film Festival 2018.
- Le jury a explicité ses choix et il faudra s’en souvenir car les arguments qui permettent à des films de se retrouver au palmarès sont toujours plus ou moins les mêmes.
- Anciens lauréats, Sophie de Fürst et Paul Lapierre expliquent comment mettre tous les atouts de son côté.
Sur le thème imposé « Je suis un cadeau », l’édition 2018 du Nikon Film Festival s’est achevée ce jeudi soir avec un palmarès qui réunissait tous les ingrédients qui font les bons films en 2 minutes 20.
Vous n’avez rien gagné ? Vous rêvez de participer un jour à ce festival de courts-métrages ouverts à tous et qui fêtait cette année sa huitième édition ? En prenant exemple sur les films primés, voici mes conseils (en tant que président du jury média cette année), mais aussi ceux du jury officiel d’Emmanuelle Bercot et ceux de deux anciens lauréats. N’hésitez pas à les suivre et faites que votre futur court-métrage se retrouve au palmarès l’an prochain… Ne nous remerciez pas, c’est « cadeau ».
Je suis… une bonne idée
Une bonne idée, c’est d’abord une idée dans l’air du temps. En deux minutes 20, l’identification du spectateur à l’histoire qui se déroule devant nos yeux est essentielle. Cette année, le Grand Prix raconte une scène qu’il n’est plus rare, hélas, de vivre de nos jours dans les transports en communs.
« La bonne idée, c’est celle qui vous ressemble et qui se distingue de celles des autres », nous confiait il y a quelques mois Sophie de Fürst, participante régulière et lauréate d’un Grand Prix en 2015. « Il faut toujours faire le film qui nous plaît et l’assumer à fond », conseillait de son côté Paul Lapierre, vainqueur en 2012. Attention aux idées trop conceptuelles, nuance Sophie de Fürst, « qui peuvent être jolies sur le papier et ne plus ressembler à rien à l’arrivée… » Mieux vaut rester clair et accessible.
Je suis… la simplicité même
Et je peux glaner une récompense, même si… « j’espère que ça ne va pas le faire chier », soufflait Marie Gillain avant de remettre le prix d’interprétation à Marc Riso (un type à suivre) pour son rôle dans le très amusant Je suis la clé du problème.
« Ce festival laisse du temps pour peaufiner son scénario, il faut en profiter », relève Paul Lapierre. « Il ne faut pas hésiter à écrémer sa pensée et simplifier son propos », estime Sophie Le Fürst. « Tout ce qui n’est pas nécessaire mérite de sauter », ajoute encore Paul Lapierre.
Je suis… un titre accrocheur
« L’intitulé aussi doit être simple et accrocheur », estime Sophie de Fürst, qui sait à quel point « c’est dur de trouver un bon titre ». « J’ai un peu de mal avec les titres u Nikon Film Festival qui doivent systématiquement commencer par « Je suis », témoigne Paul Lapierre. Beaucoup de titres finissent par se ressembler et j’ai toujours eu l’impression de trouver des titres pourris. » Son conseil : « Faire en sorte que le titre fonctionne même sans le « Je suis » ». C’est ainsi qu’il a intitulé un de ses films pour le festival, Je suis 33 ans. Une idée reprise dans le très touchant court-métrage Je suis mes 8 ans, lauréat du prix d’interprétation féminine pour l’actrice et réalisatrice Nouritza Emmanuelian.
« c’est un film qui donne envie de retrouver les personnages après le film, pour savoir ce qu’ils sont devenus », soulignait jeudi soir Emmanuelle Bercot. Dernier conseil de Sophie Le Fürst : « Surtout ne pas donner la réponse dans le titre ». Cela gâcherait l’effet de surprise.
Je suis… un effet de surprise (la chute)
« On a bien sûr besoin d’une chute », estime Sophie de Fürst. « Tant qu’à faire, c’est mieux de surprendre », acquiesce Paul Lapierre, qui préfère quand « les spectateurs ne comprennent pas tous au même moment où le réalisateur veut en venir ». Une règle d’or : « Le film ne doit prendre tout son sens qu’une fois terminée. » C’était le cas du très cynique (et drôle) Je suis 10 euros, récompensé du prix des écoles.
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Je suis… ou plutôt j’ai le rythme dans la peau
« C’est primordial, souligne Paul Lapierre. C’est à cela, au moment du montage, que je consacre le plus d’énergie et de temps, car c’est ce qui fait que le film va être cool, que le spectateur va le voir sans se rendre compte de sa durée. » « Il y a en effet des films courts qui paraissent très longs », note Sophie de Fürst. Ce qui n’est évidemment pas l’effet recherché. Un film très court, qui paraît court, c’était le très amusant Je suis timide, qui a remporté un prix des Médias mérité pour ses chouettes rebondissements.
Je suis… ou plutôt j’ai le sens de l’humour
« L’humour c’est bien, mais ce n’est pas obligé », note Sophie de Fürst. « Il y a de la place pour tous les genres, pas que pour la comédie, estime Paul Lapierre pour qui le Nikon film festival n’est « pas un festival de sketches ou de vidéo YouTube ». Il n’empêche qu’avoir une ou deux chaînes You Tube comme l’actrice et réalisatrice Maud Bettina-Marie, ça peut aider à décrocher… le prix du public. « Je sais à qui je dois ce prix, a-t-elle confié lors de la cérémonie : à mon public, le public de mes deux chaînes YouTube qui ont voté en masse et que je remercie… » Avec honnêteté.
Je suis… un bon réalisateur entouré de bons interprètes et de bons techniciens
Cela renvoie au Grand Prix attribué au meilleur film de l’année, toute catégorie confondue. Un film maîtrisé de bout en bout, par son sujet, son histoire, ses cadrages, son ambiance sonore, sa mise en scène et ses comédiens. « C’est appréciable de pouvoir être entouré par une super-équipe de potes ou de gens très motivés », estime Sophie de Fürst. « Il faut dire qu’on travaille souvent à la débrouille, sans compter son temps », note Paul Lapierre qui se réjouit de voir que la notoriété grandissante du festival incite « de plus en plus d’acteurs de talent à offrir spontanément leurs services ». Ce qui ne peut que renforcer le nombre et la qualité des films proposés. Ils étaient 1374 cette année, soit cent de plus qu’en 2017. Et au moins cent de moins que l’an prochain.