VIDEO. «Voyoucratie», un film fait sans demander la permission
POLAR•Les réalisateurs ont filmé « Voyoucratie » sans argent et sans autorisation mais ils sont parvenus à un film très convaincant…Caroline Vié
L'essentiel
- Le duo de cinéastes FGKO suit une racaille de banlieue tentant d’échapper à la délinquance.
- Ce film, primé en festival, a été tourné à l’arrache.
- Il surprend par son côté rageur comme par sa maestria.
Dire que Voyoucratie a la niaque, c’est être largement en dessous de la réalité. Ce polar rageur signé par le duo FGKO suit un délinquant à sa sortie de prison avec une énergie qui secoue le spectateur au point de le laisser sonné comme s’il avait servi de punching-ball aux deux réalisateurs.
« C’est dur de motiver les gens quand on n’a pas d’argent expliquent Fabrice et Kevin, dont c’est le premier film. On voulait juste exister. » Pari gagné ! On colle aux basques de Sam, petit braqueur qui replonge dans la délinquance même s’il souhaiterait s’en tirer pour son fils. C’est en 2013 qu’ils ont lancé le projet qui a été primé au Festival de Manchester.
Poursuivis par les flics
Tourné façon guérilla, ce film a vu le jour sans autorisation grâce à une bonne dose de détermination et de système D. Les réalisateurs prétendaient qu’il s’agissait d’un projet pour leur école dès que la maréchaussée leur cherchait noise. « Lors d’une scène de braquage et de poursuite à scooter, c’était tellement réaliste qu’on a été poursuivis par la police sur plus d’une centaine de mètres », se souviennent-ils dans Le Point.
Une autre façon de faire du cinéma
Le résultat laisse le souffle coupé par son sens de l’urgence comme son étonnante maestria. L’acteur Salim Kechiouche épaulé par des pointures comme Hichem Yacoubi et Abel Jafri (vus notamment dans Timbuktu) est tout autant une révélation que les cinéastes. Sortant des sentiers battus d’un cinéma trop policé, Voyoucratie montre qu’il se passe des choses passionnantes du côté d’un jeune cinéma français créé à la marge. On se prend à espérer que les créateurs trouveront plus de moyens pour leur prochain film sans être, pour autant, récupérés.