«Showgirls», «The Room», «Les Aventures de Jack Burton»... Ces nanars devenus cultes
CULTE•Diffusé ce lundi soir à 20h50 sur Arte, le classique vénéré de Paul Verhoeven a pourtant été très mal accueilli à sa sortie par les critiques…Clio Weickert
«De la crucifixion à la résurrection ». C’est en ces termes que Paul Verhoeven décrit l’histoire mouvementée de Showgirls, réalisé en 1995. Un plantage commercial total en salles, puis un carton en vidéo, pour compter vingt ans plus tard parmi les œuvres cultes du cinéma. Un film considéré à sa sortie comme « l’un des pires films de tous les temps », que diffuse Arte ce lundi soir à 20 h 50.
aConspué par les critiques, Showgirls relate l’histoire de Nomi Malone, interprétée par Elizabeth Berkley (Sauvés par le gong), une jeune femme qui débarque à Las Vegas, caressant le rêve de devenir danseuse. Mais c’est finalement au « Cheetah », un cabaret, et en tant que strip teaseuse, que Nomi devra se faire une place. « Le vide, même avec la conscience de la vacuité, reste le vide », dira notamment du film le journaliste Jean-François Rauger dans les colonnes du Monde, avant de changer plus tard d’avis.
La consécration des Razzies
Et alors que les critiques s’en donnent à cœur joie, les « Razzies Awards », sorte de « contre-Oscars » qui couronnent le pire du cinéma, ajoutent leur pierre à l’édifice en nommant Showgirls dans plus de dix catégories. Paul Verhoeven ira en personne récupérer ses deux prix, celui du « pire film » et celui de « pire réalisateur ». La consécration.
« Les Razzies ont finalisé l’opprobre qui couvrait Showgirls, c’était comme tirer sur une ambulance, explique à 20 Minutes François Cau de Nanarland et Chaos Reigns. Mais ça peut être aussi un bon indicateur du fait que le film puisse rester dans l’histoire. » Showgirls, la preuve même que passer de mal-aimé à objet de vénération, est loin d’être impossible. Et le film de Paul Verhoeven n’est pas le seul.
« The Room » de Tommy Wiseau
Bide monumental à sa sortie en 2003, The Room, l’histoire d’un triangle amoureux, réalisé par Tommy Wiseau, a lui aussi eu droit à sa réhabilitation foudroyante. « Il est toujours considéré comme un nanar mais on lui attribue des qualités et le film rencontre un plébiscite tardif », estime François Cau. Selon le site du Monde, il s’est même mué en « un culte étrange, viral, qui progresse sans discontinuer depuis treize ans. Le charme agit autant sur les cinéphiles que sur les stars de Hollywood, qui organisent des projections privées. »
Un revirement tel que The Disaster Artist, un film de et avec James Franco (qui a reçu le Golden globe du « meilleur acteur de comédie »), en salles le 7 mars prochain, se penchera sur le destin du réalisateur de The Room, un visage inconnu de Hollywood.
« The Day the Clown Cried » de Jerry Lewis
Dans un tout autre genre, The Day the Clown Cried (« Le jour où le clown pleura »), est un film réalisé par Jerry Lewis en 1972, à la fois culte et maudit. Une œuvre inachevée, reniée par son réalisateur, et qui n’est jamais sorti en salles. Le film conte l’histoire d’un clown emprisonné dans un camp de concentration durant la Seconde guerre mondiale, et qui accompagnera des enfants juifs dans une chambre à gaz à Auschwitz. Un « film-cauchemar », le caractérise le critique Jean-Michel Freudon sur Slate, un « être des limbes, film fantôme ». Une œuvre maudite et controversée, « un film fantasmatique que personne n’a vu », tel que le décrit François Cau.
« Les Aventures de Jack Burton dans les griffes du Mandarin » de John Carpenter
Dans la catégorie « échec commercial » devenu culte, Les Aventures de Jack Burton dans les griffes du Mandarin, s’est lui aussi particulièrement illustré. Le pitch ? Il s’agit d’un film d’aventure avec Kurt Russel, réalisé en 1986 par John Carpenter, sur les péripéties d’un baroudeur, Jack Burton, à Chinatown. Une œuvre « trop en avance sur son temps et qui n’a pas été considérée par la critique officielle », estime François Cau de Nanarland, qui y voit un véritable « hommage au cinéma hong-kongais », alors méconnu à l’époque. Et ce n’est pas le seul, puisque Les Aventures de Jack Burton dans les griffes du Mandarin a depuis trouvé son public, qui y voit un petit joyau incompris.
Et demain ?
Nominé dans trois catégories des Razzies Awards 2018 dévoilés ce lundi (« pire réalisateur », « pire acteur dans un second rôle » et « pire actrice »), Mother !, de Darren Aronofsky, sorti en septembre dernier, a peut-être sa chance de devenir culte. Sans oublier que le film a violemment divisé la critique à sa sortie, un présage pas dégueu finalement.