VIDEO. Diane Kruger: «Pour moi il y aura un avant et un après "In the Fade", c'est sûr»
STAR•La carrière de Diane Kruger prend une nouvelle dimension avec « In The Fade », film qui lui a valu le prix d’interprétation à Cannes pour un rôle dans lequel elle perd son mari et son fils dans un attentat terroriste…Stéphane Leblanc
Diane Kruger apparaît conforme à l’image qu’on se fait d’elle quand on la rencontre ce lundi au palace parisien le Peninsula : naturelle, élégante et discrète, même quand elle peste contre le mauvais temps à Paris « alors qu’il fait 25°C à Los Angeles ».
Elle est là pour parler de la sortie d’In The Fade, le film de Fatih Akin qui lui a valu le prix d’interprétation à Cannes. Une récompense méritée, tant l’actrice est remarquable dans le rôle de Katja, une mère de famille allemande qui voit son mari turc et leur fils de 6 ans mourir presque sous ses yeux dans un attentat terroriste.
D’après une histoire vraie
Le scénario est inspiré d’une vague d'attentats commis un groupuscule néo-nazi entre 2000 et 2011, qui a fait huit victimes et suscité une polémique en Allemagne parce que la police a longtemps cru qu’il s’agissait de règlements de comptes internes à la communauté turque avant d’envisager la piste terroriste.
L’actrice n’a pas hésité quand le cinéaste allemand d’origine turque lui a proposé le rôle, voyant d’abord une formidable opportunité de « renouer avec la langue allemande et [ses] racines », elle qui a quitté l’Allemagne à 13 ans pour devenir danseuse en Angleterre, puis mannequin en France. Pour se préparer au rôle, où elle apparaît sans fard mais tatouée, toute de cuir vêtue et consommatrice occasionnelle de drogues, Diane Kruger s’est rendue à Hambourg, là où vit Fatih Akin, pour puiser des ressources nécessaires pour assumer un rôle rude et violent. Un film où elle a donné de sa personne, c’est le moins qu’on puisse dire.
La préparation a pris six mois, le temps de rencontrer des dizaines de familles ayant perdu leur enfant de mort violente. « C’est difficile de décrire l’horreur et la souffrance de ces gens au quotidien, estime-t-elle. Je me sentais une responsabilité vis-à-vis d’eux. Leurs histoires me hantaient et mon personnage a fini par me hanter à son tour. Je ne pouvais pas m’en défaire. »
« Pour moi, il y aura un avant et un après In the fade, c’est sûr. C’est un rôle qui a changé ma vie, confie-t-elle. A 41 ans, avec un peu de maturité, on a plus de choses à mettre dans ses personnages. » Pour autant, Diane Kruger ne l’envisage pas comme un tremplin pour sa carrière. « Chaque film vous fait avancer, mais, vous savez, les personnages féminins tout en nuances ne sont pas si fréquents et je dois bien refuser 95 % des projets que je reçois… »
Ce qu’elle accepterait bien volontiers, ce serait « de tourner un jour avec le réalisateur autrichien Michael Haneke », dont elle a adoré Amour. « C’est un film d’une telle tendresse ! »
Amours et enquiquinements
Quand on lui dit l’avoir vue la semaine dernière aux Critics Choice Awards, aux bras de l’acteur de The Walking Dead Norman Reedus, Diane Kruger se contente de sourire… Celle qu’on a connue mariée pendant cinq ans avec Guillaume Canet, puis en couple pendant dix ans avec Joshua Jackson, ne veut plus s’appesantir sur sa vie privée.
aElle se dit en revanche « engagée » dans le combat des femmes contre le harcèlement à Hollywood. « Je pense que c’est un sujet très important. Ce qui se passe va dans le bon sens et je n’hésiterai jamais à afficher mon soutien aux femmes qui ont connu des abus consternants, comme lorsque toutes les actrices aux derniers Golden Globes ont mis une robe noire en signe d’unité. »
Si elle n’est que peu intervenue en son nom personnel à ce sujet, « c’est parce que je n’ai jamais été agressée sexuellement, dit-elle. Cela ne veut pas dire que je n’ai pas été importunée ; il m’est arrivé de passer des moments pas très agréables dans ma vie avec des hommes, mais j’ai toujours réussi à m’enfuir au bon moment ». Et la liberté d'importuner, justement, revendiquée récemment par quelques personnalités françaises de premier plan ? Elle avoue « en avoir entendu parler, mais très peu ».
Malgré son prix d’interprétation à Cannes et un Golden Globe au titre de meilleur film en langue étrangère à Los Angeles, Diane Kruger refuse de prononcer un pronostic pour les Oscars. « In the fade n’est pas encore retenu parmi les finalistes », souffle-t-elle.
Et le titre de meilleure actrice ? Elle n’y pense même pas. « C’est Frances McDormand pour 3 Billboards qui va l’avoir ! » Hasard du calendrier, ce film sort ce même mercredi, et raconte, de façon tout à fait différente, une histoire assez proche : le combat d’une mère pour obtenir la vérité sur la mort de sa fille assassinée.
Mais Diane Kruger n’est pas là pour faire la promo d’un autre film. Par contre elle est prête à tout pour vous convaincre d’aller voir le sien. Y compris à faire preuve d’humour.