AgressionSix femmes accusent Roman Polanski sur une étrange plateforme dédiée

Six femmes accusent Roman Polanski sur une étrange plateforme dédiée

AgressionLe site « I Met Polanski » (« J’ai rencontré Polanski ») appelle les victimes présumées du cinéaste à témoigner…
Anne Demoulin

Anne Demoulin

Roman Polanski est à nouveau accusé d’agression sexuelle. Le tabloïd britannique The Sun a publié ce mercredi un article assurant que « cinq nouvelles femmes » accusaient la cinéaste. A l’origine de cet article, une sorte de plateforme #balancetonporc très ciblée, un site intitulé « I Met Polanski » (« J’ai rencontré Polanski »), spécialement créé pour recueillir la parole des victimes du cinéaste.

Des faits qui se seraient déroulés entre 1969 et 1976

Selon The Sun, les cinq femmes auraient été âgées de 9 à 16 ans au moment des faits qui se seraient déroulés entre 1969 et 1976. Les cinq témoignages sont anonymes. Pour le moment, aucune plainte n’aurait été déposée contre Roman Polanski.

The Sun ne publie qu’une copie de l’un de ces mails envoyés au site I Met Polanski, celui d’une femme qui aurait été agressée par Roman Polanski en 1976 alors qu’elle avait 15 ans. Elle décrit un dîner dans la ville suisse-allemande de Gstaad en présence de son père, de Jack Nicholson et d’Angelica Huston.

Polanski aurait posé la main sur la jambe de la jeune fille. « Il est ensuite remonté pour toucher mon sexe et a essayé de le presser et de le caresser avec sa main, tout ça sous la table en face de mon père », raconte-t-elle

Le site I Met Polanski a été lancé par Matan Uziel, « réalisateur, producteur et avocat », curateur de la chaîne YouTube Real Woman Real Stories.

Le fondateur du site cherche « des informations et des preuves »

Matan Uziel a fondéle magazine Glammonitor qui s’efforce « de faire la lumière sur la corruption, les abus et les actes répréhensibles dans les mondes de la mode et de la beauté, ainsi que sur les questions relatives aux droits des femmes dans le monde entier » et appelle les femmes, victimes de ces abus, à laisser leur témoignage. Il se définit lui-même comme un « militant féministe ».

Le fondateur a lui-même expliqué tabloïd britannique être en train de chercher « des informations et des preuves pour aider à prouver ces accusations ».

Un autre témoignage sur une double tentative de viol

Ce vendredi, le tabloïd britannique The Sun a recueilli le témoignage d’une sixième femme, grâce au site I Met Polanski. Mallory Millett, actrice connue sous le nom de Mallory Jones, a notamment joué dans Tootsie. L’agression présumée aurait eu lieu dans un hôtel à New York en février 1970, alors qu’elle avait 29 ans. « J’ai été invitée à dîner avec lui avec des amis. Nous étions dans sa suite, et soudain, mes amis sont partis et je me suis retrouvée seule avec lui. Il avait pris du LSD (…). Et c’est là qu’il a tenté de me violer. Bien qu’il soit petit, ses bras et ses épaules étaient musclés. (…) J’ai dû me débattre et j’ai réussi à lui échapper », raconte-t-elle.

Le réalisateur a ensuite demandé à revoir l’actrice pour s’excuser de son comportement. « Il a mis ses bras autour de moi et a tenté de me coincer. J’ai dû m’enfuir une seconde fois. Il était extrêmement brutal. Je crois qu’il n’avait pas l’habitude qu’on lui dise non », poursuit-elle.

« Je ne l’ai jamais dit à la police parce que comment pouvais-je le prouver ? J’étais juste une jeune actrice inconnue et il était un grand réalisateur », explique-t-elle encore.

« J’ai attendu toute ma vie qu’il soit traduit devant la justice. Il devrait être exclu de l’académie des Oscars. (…) Je me fiche de son âge, il doit être puni pour tout ce qu’il a fait », a-t-elle relaté. Il s’agit de la 11e accusation contre Roman Polanski.

L'« espoir » que Polanski soit « traduit en justice »

Avec son site, Matan Uziel a l’« espoir » que Polanski soit « traduit en justice ». Il a même promis une récompense de 20.000 dollars pour un « tuyau » suffisamment solide pour incriminer Polanski sur Twitter, une somme qu’il n’a pas les moyens de payer, confie-t-il naïvement à L’Obs : « Si jamais on avait un truc énorme, je trouverai des donateurs pour le financer. Je précise que les témoignages que nous avons reçus ne sont pas payés. J’ai évoqué cette récompense sur Twitter car on ne sait jamais, je me suis dit que ça pourrait attirer l’attention. Et puis ce sont des choses qui se font, le FBI le fait… »

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« Un site qui lève des fonds, pour inciter à la délation, on dépasse toutes les limites de l’acceptable ! La fin ne saurait justifier tous les moyens. Je suis très gêné par cette atmosphère de chasse à l’homme. Au-delà de la défense d’un homme, Roman Polanski, il y a une dérive gravissime », a rétorqué Hervé Témime, l’avocat de Roman Polanski en France, contacté par nos confrères de L’Obs.

L’actrice allemande Renate Langer, qui a déposé plainte en Suisse contre le réalisateur début septembre, pour des viols présumés commis en 1972 alors qu’elle avait 15 ans, espérait que les récents changements sur la loi de la prescription pourraient s’appliquer à son cas, rétroactivement. Dans un communiqué en date du 8 novembre, le ministre public du canton de Berne, en charge de l’examen de la plainte de Renate Langer, a déclaré la prescription pour les accusations formulées contre Roman Polanski. Quarante ans après l’affaire Samantha Geimer, le réalisateur a cependant peu de chance d’être traduit en justice pour ces faits présumés parce qu’ils sont largement prescrits.