VIDEO. «The Square» expose les pires délires du milieu de l'art
PALME D'OR•Palme d’or à Cannes, « The Square » est une comédie grinçante qui s’attaque aux conformismes du milieu de l’art contemporain…Caroline Vié
L'essentiel
- «The Square » se rit du monde de l’art.
- Le cinéaste suédois Ruben Östlund a reçu la Palme d’or pour cette comédie peinte au vitriol.
- Le réalisateur de « Snow Therapy » déclare avoir minimisé la réalité de ce milieu à la fois élitiste et conformiste.
Il en rêvait, il l’a eue. Ruben Östlund, qui confiait à 20 Minutes avoir écrit The Square pour que le film soit montré à Cannes, a tellement bien réussi son coup que le jury de Pedro Almodóvar lui a décerné la Palme d’or. Et il est en si content qu’il promène désormais son trophée comme un gamin le ferait avec un nouveau jouet.
Le cinéaste suédois se moque joyeusement du milieu de l’art moderne dans cette comédie grinçante dont le personnage principal est un conservateur de musée d’art contemporain (Claes Bang, une découverte) peinant à concilier ses idéaux altruistes et son comportement égocentrique. « J’aurais aussi bien pu situer l’action dans le milieu du cinéma, avoue le cinéaste, mais celui des musées est encore plus absurde. »
Une véritable installation
Le réalisateur a testé le « Square », l’installation qui donne son titre au film, dans un vrai musée suédois avant d’écrire son scénario. Ce « Carré » dessiné sur une place de la ville de Vandalorum offre à tout le monde les mêmes droits et les mêmes obligations avant de faire voler ces belles valeurs en éclat. « La forme carrée représente notre société et les obligations auxquelles nous devons nous plier », explique Ruben Östlund qui, pour les besoins de son script, a parcouru de nombreuses expositions à travers le monde. « Découvrir que les gens pouvaient s’extasier devant un simple clou planté sur un mur m’a mis en joie », avoue-t-il.
Marketing quand tu nous tiens
Le cinéaste n’est pas tendre dans sa charge, notamment quand il fait partager les méthodes de marketing des spécialistes engagés par le musée où travaille son héros. « Ils cherchent à choquer à tout prix sans se rendre compte qu’ils vont trop loin. » D’une vidéo atroce mettant en scène une gamine aux grands yeux à un happening ahurissant dans un dîner de gala, les amateurs d’art ne sont pas ménagés ! « Certains font semblant d’éprouver un plaisir masochiste, de peur de ne pas être à la page ! », rigole Ruben Östlund.
La Palme comme œuvre d’art ?
On glousse de bon cœur avec lui quand une œuvre passe accidentellement à l’aspirateur avant d’être recréée par le héros sans que personne ne voit de différence avec l’originale. « Je suis resté en dessous de la réalité car on ne m’aurait pas cru », s’esclaffe le réalisateur. Il pousse l’humour jusqu’à rire de la Palme dont il est si fier avec un panneau ironique : « Ceci n’est pas une Palme », parodiant le peintre Magritte en un pied de nez digne de son film.