VIDÉO. Quelle version de «Blade Runner» il faut voir avant «Blade Runner 2049»?
CULTE•Il existe pas moins de cinq «Blade Runner» différents...Vincent Jule
Mercredi sort dans les salles Blade Runner 2049. Il est possible de le découvrir comme un film à part entière : le blockbuster SF de cette rentrée, le nouveau Denis Villeneuve après Premier contact, ou encore la rencontre de deux générations d’acteurs, Ryan Gosling et Harrison Ford. Mais difficile d’ignorer qu’il s’agit aussi, et surtout, de la suite de Blade Runner, film réalisé par Ridley Scott en 1982 et monument de la science-fiction. Une petite séance de rattrapage ou de révision s’impose donc, mais quelle version voir ? Car oui, il en existe pas moins de cinq différentes - en fait sept mais seuls cinq sont disponibles.
Les versions cinéma
Lorsque Blade Runner sort le 25 juin 1982 aux Etats-Unis, il est déjà passé à la moulinette hollywoodienne. En effet, une copie de travail (ou « workprint ») est montrée à un public de privilégiés lors de projections tests, mais les retours négatifs poussent le studio à opérer des changements pour la sortie. Une voix off est ajoutée pour rendre le film plus narratif et pour que les spectateurs comprennent bien l’histoire de Rick Deckard ( Harrison Ford), ex-flic devenu « blade runner », qui pourchasse et élimine les Replicants, des androïdes que rien ne distingue des êtres humains.
Autre ajout, et pas des moindres, le film se termine par un « happy end », un plan aérien où Deckard et Rachael (Sean Young) roulent en voiture loin de Los Angeles, et où la voix de Harisson Ford explique que Rachael a beau être un Replicant, elle est spéciale et n’a pas une durée de vie de quatre ans comme les autres. Ils vécurent longtemps et eurent beaucoup d’enfants ? Une fin optimiste, simpliste, qui détonne du reste du métrage et qui n’a d’ailleurs pas été tournée par Ridley Scott. Elle utilise des rushes inutilisés du Shining de Stanley Kubrick. La version qui sort en France trois mois plus tard est la même, à trois scènes plus violentes près et une petite minute supplémentaire.
aLe Director’s Cut
Avec 33 millions de dollars de recettes pour 28 de budget, Blade Runner est loin d’être un succès à l’époque, ni un film instantanément culte. Mais en 1990, un « workprint » de qualité, en 70mm, est retrouvé et programmé à l’affiche de plusieurs cinémas américains. Il fait salles combles, ce qui décide Warner à concocter un vrai « Director’s Cut », pour une ressortie du film en 1992. Supervisée par le réalisateur Ridley Scott et le restaurateur Michael Arick, ce montage supprime la voix off et le happy end, et ajoute une scène de rêve, une licorne dans la forêt. Quelques secondes qui changent tout, car - attention spoilers - elles donnent une nouvelle interprétation possible de la fin, où Deckard trouve une licorne en origami laissé par son boss Gaff avant de prendre l’ascenseur et de s’enfuir avec Rachael.
Comment Gaff peut-il savoir que Deckard rêve de licorne ? A moins que ce dernier ait des souvenirs implantés, et comme Rachael, soit un Replicant sans le savoir ? Un Replicant pourchassant des Replicants ? Un nouveau dialogue entre Gaff et Deckard, d’ailleurs absent de tous les autres montages, va dans ce sens : « Mais es-tu sûr d’être un homme ? » Le vertige est total, et digne de Philip K. Dick, l’auteur du roman original, aussi connu sous le titre Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques ? C’est ce « Director’s Cut » qu’ Arte diffuse le dimanche 8 octobre à 20h55.
Le Final Cut
Mais Ridley Scott n’est pas encore totalement satisfait. Trop occupé par Thelma et Louise, il aurait aimé avoir plus de temps à consacrer au « Director’s Cut ». Il le prendra dans les années 2000 pour sa version définitive, son « Final Cut ». Pas de révolution, mais des ajustements (certaines scènes plus violentes, d’autres plus longues comme la mort de Zohra ou la licorne en rêve) et surtout un nouveau transfert magnifique. Le « Final Cut » sort en 2007, pour les 25 ans du film, dans plusieurs éditions, dont une ultime de 5 disques, qui comprend également le « workprint », les deux versions cinéma américaine et internationale et le « Director’s Cut ». Histoire de pouvoir comparer.
Aujourd'hui, le «Final Cut» est considéré comme le «vrai» Blade Runner, car le plus beau visuellement et le plus proche de la vision de son auteur. Pour ses 35 ans et la sortie de la suite, Warner s’offre une nouvelle édition collector Blu-ray 4K qui met à l'honneur la fameuse licorne sur sa jaquette. D'ailleurs, Deckart est-il bien un Replicant ? La question hante les fans depuis des décennies, et a même fâché Ridley Scott et Harrison Ford. Le premier affirme que oui, le second est moins catégorique. Et Denis Villeneuve ? Réponse mercredi dans les salles.