«Star Wars»: L'empire Disney contre-attaque ses réalisateurs
DARK MICKEY•Disney s'est séparé coup sur coup de quatre réalisateurs de films ou spin-offs «Star Wars», que se passe-t-il du côté obscur du monde merveilleux de Mickey?...V. J.
«La magie Disney. » Pour la troisième fois, le studio aux grandes oreilles fait disparaître le réalisateur d’un film Star Wars. Après le départ de Josh Trank (Les 4 Fantastiques) d’un projet de spin-off (a priori sur Boba Fett), l’éviction de Phil Lord et Chris Miller (21 Jump Street) en plein tournage du film Han Solo, c’est maintenant au tour de Colin Trevorrow (Jurassic World) de lâcher l’Episode 9 pour différents artistiques.
Les fameux « différends artistiques ». Il ne faut pas non plus oublier le cas Rogue One, où le réalisateur officiel Gareth Edwards (Godzilla) avait laissé sa place à un autre, Tony Gilroy, pour les reshoots.
Culture du secret
Pour l’instant, seuls deux cinéastes ont tenu bon : J.J. Abrams sur Le Réveil de la Force, et Rian Johnson sur Les Dernier Jedi, le 13 décembre au cinéma. Selon eux, tout va bien dans le meilleur des mondes merveilleux de Mickey. Mais il y a de quoi s’interroger sur la manière dont Disney gère la licence Star Wars depuis son rachat en 2012. Entre le passe-partout « différends artistiques » des communiqués de presse et la culture du (top) secret de Disney, difficile de savoir ce qu’il se trame en coulisses, du côté obscur. Mais il y a des pistes.
Pour Colin Trevorrow, malgré le 1,5 milliard de recettes de Jurassic World, des rumeurs ont commencé à agiter Hollywood après l’échec artistique et public de son nouveau film The Book of Henri, un futur Direct-to-DVD chez nous. Le 1er août, un nouveau scénariste était embauché pour retravailler le script de l’Episode 9. Selon The Hollywood Reporter, ces problèmes de réécritures auraient eu raison de Kathleen Kennedy, qui ne voulant répéter la situation sur Han Solo a préféré arrêter les frais maintenant.
Une seule façon de faire un film Star Wars
Patronne de Lucasfilm, garante de l’esprit… du business Star Wars, Kathleen Kennedy serait intraitable. Il n’y aurait ainsi pas plusieurs mais une seule façon de faire un film Star Wars. Ce qui explique le débarquement de Phil Lord et Chris Miller du spin-off Han Solo, dont ils auraient voulu faire une comédie. De la part des auteurs de 21 Jump Street, La grande aventure Lego et Tempête de boulettes géantes, c’est surprenant. Ou pas. Se pose alors la question du choix même des réalisateurs. A part J.J. Abrams, connu pour avoir ressuscité Star Trek et dans une moindre mesure Mission : Impossible avant Star Wars, les autres étaient inconnus du grand public, des réalisateurs qui avaient au mieux un blockbuster à leur actif (Colin Trevorrow, Josh Trank) ou alors plusieurs films indépendants (Rian Johnson).
Des réalisateurs malléables
Une politique des « auteurs » que l’on retrouve également chez Marvel, avec par exemple les frères Russo, réalisateurs de télévision avant se retrouver aux commandes de Captain America 2 et 3, et du prochain Avengers : Infitiny War. Les studios s’imaginent sûrement qu’ils seront plus malléables qu’un Steven Spielberg ou un James Cameron. Sauf que ces jeunes cinéastes, aussi fanboys soient-ils (surtout de Star Wars), restent des auteurs, avec une vision, et veulent être les nouveaux Spielberg et Cameron. C’est pourquoi Disney a appelé à la rescousse, des vétérans, des artisans, tels que Ron Howad sur Han Solo ou Tony Gilroy (les Jason Bourne) sur Rogue One.
Il est fort à parier que Kathleen Kennedy change de technique de recrutement pour les futurs films et spin-offs Star Wars. A commencer par l’Episode 9 ? Certains fans voudraient voir Rian Johnson rempiler pour garder une continuité avec Les Derniers Jedi, tandis que d’autres militent pour ce soit une réalisatrice, de Patty Jenkins de Wonder Woman à Ava DuVernay (Selma), qui vient de finir Un raccourci dans le temps… pour Disney.