VIDEO. «Jeannette», la voix de l'enfance et du rock'n'roll prend vie sur grand écran
SORTIE•La comédie musicale inspirée de l’enfance de Jeanne d’Arc, signée Bruno Dumont sort en salles pendant une semaine, mais pas plus...Stéphane Leblanc
Comme avec Ma Loute, son précédent film en 2016, Bruno Dumont surprend avec Jeannette, une drôle de comédie poético-rock’n’roll sur l’enfance de Jeanne d’Arc. Et enchante ceux qui, comme nous, apprécient l’audace au cinéma, les délires mystiques et autres folies bergères…
Car cette transposition de la poésie de Charles Péguy à l’écran est vivifiante : Jeannette est une comédie musicale chorégraphiée par Philippe Decouflé sur des airs électro-pop signés Igorrr, « avec de l’humour pour contrebalancer le sérieux de ce texte où l’on trouve une résonance très actuelle sur la foi, la certitude de l’existence de Dieu, la peur de l’envahisseur, l’engagement… », ajoute le cinéaste.
Pour incarner Jeanne d’Arc enfant, puis adolescente, Bruno Dumont a recruté deux jeunes actrices simplement « capables de bouger et de chanter ». Ce que les deux Jeannette du film, la petite (Lise, 9 ans) et la grande (Jeanne, 15 ans), font avec beaucoup de finesse, comme elles l’ont montré à 20Minutes à Cannes.
« Mettre les mots de Péguy en musique, c’est une façon de les rendre plus accessibles, même si on ne comprend pas tout, assure le cinéaste. Il y a un rapport évident entre la musique – metal et electro notamment, et l’extase mystique. Je suis sûr que les adeptes du head banging sont d’accord avec moi. » Et Dieu dans tout ça ? « Personnellement, je n’y crois pas du tout, sauf au cinéma… »
Le miracle de la sortie en salle
En tout cas, la sortie du film est un miracle à lui seul. Car Jeannette aurait pu, comme Okja, autre monument cannois, ne jamais voir le jour dans les salles de cinéma… sans une dérogation obtenue auprès du CNC, qui autorise ce film produit pour Arte et diffusé depuis une semaine sur la chaîne franco-allemande, à être projeté six fois en salle dans chaque ville. Mais cette semaine seulement.
« C’est mieux que rien, reconnaît le producteur et distributeur du film Alexandre Mallet-Guy. Nous avons obtenu un visa dérogatoire avec le droit à six séances maximum par ville sur la semaine. » Au total, 32 séances sont prévues dans toute la France, dont on trouvera le détail sur le site d' AlloCiné.
Et c’est toujours mieux en effet que le film de Bong Joon-ho, notamment par ce que Netflix n’avait, lui, rien demandé au CNC. Paradoxe : Jeannette se retrouve donc disponible en même temps sur Arte, en replay sur Arte + 7, et sur grand écran. Ensuite, le film disparaîtra des écrans et il faudra un autre miracle pour revoir le film. Peut-être en DVD…