VIDEO. «Dans un recoin de ce monde» où le Japon vivait avant la bombe
ANIMATION•Récompensée à Annecy, cette fresque sur le Japon de 1945 est à la fois une leçon d'Histoire et un beau portrait de femme...L'essentiel
- «Dans un recoin de ce monde » décrit la vie quotidienne d’une jeune japonaise en 1945.
- Cette fresque poétique sur fond de guerre et de menace atomique émeut sans déprimer.
- Le jury du Festival d’Annecy lui a donné un prix en juin dernier.
Au Festival d’Annecy, Dans un recoin de ce monde de Sunao Katabuchi était donné favori pour le Grand prix mais n’est reparti qu’avec le Prix du jury, battu, sans doute in extremis par l’autre film japonais de la compétition, Lou et l’île aux sirènes, toujours en salles.
Les jurés ont préféré une fantaisie musicale à cette fresque historique suivant la vie d’une jeune fille japonaise qui quitte Hiroshima, où vit sa famille, peu de temps avant l’explosion de la bombe atomique.
Portant à l’écran un manga de Fumiyo Kōno (éditions Kana), le réalisateur ne se contente pas de décrire un pays ravagé par un conflit terrible, il livre un magnifique portrait de femme. « L’héroïne est une jeune artiste qui reproduit ce qu’elle voit avec ses dessins. Sa sensibilité est une façon d’éloigner l’horreur qui l’entoure », précise-t-il à 20 Minutes.
Un voyage dans le temps
L’ambition du cinéaste était de remonter le temps en livrant une représentation la plus juste possible de la période. Il est impossible de ne pas penser au Tombeau des lucioles d' Isao Takahata, bouleversante histoire d’enfants tentant d’échapper à la misère pendant la même période. « J’adore ce film mais il est truffé de détails inexacts comme certains uniformes ou magasins, insiste Katabuchi-san. Je voulais que mon film permette à ceux qui ont connu cette époque d’avoir l’impression de revenir dans le passé. »
De la force dans l’adversité
Le cinéaste s’est livré à des recherches poussées sur les habitudes, l’alimentation, l’habillement et la vie quotidienne des citoyens de la région. « Ils ne pouvaient pas imaginer que la bombe allait leur tomber dessus. Avant et après ce massacre, ils ont dû continuer à vivre, tout simplement. »
C’est de cette étude du trivial que naît l’émotion que la jeune femme se livre à des besognes ménagères, s’attache à l’homme qu’elle a dû épouser ou retrouve un ami d’enfance. « Sa force dans l’adversité est ce qui m’a plu dans le manga. Elle demeure vaillante dans les circonstances les plus dures. »
Souvenirs d’enfance
« Mon père était non loin d’Hiroshima au moment où la bombe est tombée. Il m’a dit qu’il avait vu le champignon. Ce film m’a aidé à mieux comprendre ce qu’il a ressenti », raconte Sunao Katabuchi. Malgré le drame, un fond d’optimisme se dégage de cette œuvre puissante, notamment quand les habitants s’entraident après la catastrophe. Dans un recoin de ce monde traite des sujets les plus durs avec pudeur. Loin d’être déprimant, il célèbre l’humanité.