VIDEO. Au coeur d'«Une famille syrienne» coincée sous le feu de la guerre
Drame•Ce huis-clos dans un appartement autour duquel la guerre fait rage a déjà séduit le public qui lui a accordé ses prix aux festivals de Berlin, d'Angoulême et de Lama en Corse...Caroline Vié
L'essentiel
- «Une famille syrienne » fait partager le calvaire de femmes prêtes à tout pour survivre.
- Le film a reçu le prix du public dans plusieurs festivals.
- Il montre la vie quotidienne des personnages coincés dans leur appartement.
Le réalisateur d’Une famille syrienne n’a jamais mis les pieds sur place, ce qui ne l’empêche pas de signer un film intense sur la guerre en Syrie. Philippe Van Leeuw a choisi de traiter le sujet sous la forme d’un huis clos dans un logement où se terrent des habitants terrifiés. Et c’est une réussite à ne pas manquer.
Hiam Abbass trouve un rôle passionnant de maîtresse de maison qui tente de protéger les siens (deux jeunes gens et un vieillard) tandis qu’une domestique, une voisine et son bébé sont également prisonniers de l’appartement. « J’ai centré l’action sur les femmes, victimes collatérales du conflit », explique le cinéaste à 20 Minutes. Son film intense a déjà séduit des spectateurs : il a remporté les prix du public à Berlin, à Angoulême et à Lama en Corse. « Les gens sortaient bouleversés mais venaient me remercier de les avoir secoués », raconte Philippe Van Leeuw.
Un point de vue original
La guerre, on ne la voit que par les yeux des personnages confinés dans quelques pièces comme dans un cocon tandis que la violence fait rage autour d’eux. « Le son peut être plus efficace que l’image pour faire partager le calvaire de ces gens qui espèrent trouver la sécurité chez eux », précise l’ancien chef-opérateur de Claire Simon (Les bureaux de Dieu) et Bruno Dumont (La vie de Jésus). Comme les héros, on « entend » le conflit qui fait rage notamment lors d’une scène d’agression très dure traitée avec une grande délicatesse.
Féministe et militant
Ses femmes prêtes à tout pour survivre constituent le point fort de ce deuxième long-métrage passionnant. « Les actrices ont toutes connu la guerre d’une façon ou d’une autre. Elles n’avaient pas à se forcer pour être justes », insiste Phillipe Van Leeuw. Il n’angélise pas des personnages parfois contraints à des choix douloureux pour sauver leur peau. « Ce sont des gens ordinaires, qui pourraient être n’importe lequel d’entre nous. Je pense que c’est pour cela que les spectateurs nous ont récompensés. »
D’où viennent les migrants
Cette œuvre choc n’a rien d’un robinet d’eau tiède : c’est volontairement que Philippe Van Leeuw malmène le spectateur. « Une famille syrienne est aussi une façon de montrer que les migrants que nous croisons régulièrement n’ont pas eu d’autre choix que de s’en aller », insiste-t-il. A la fois film militant et grand moment de cinéma, cette chronique très dure donne à réfléchir. On ne peut que vivement la recommander.