DRAMESofia Coppola confronte ses «Proies» à leurs frustrations sexuelles

VIDEO. Sofia Coppola: «Dans "Les proies", j'adopte le point de vue de femmes frustrées sexuellement»

DRAMELa réalisatrice de «Virgin Sucides» et «Marie-Antoinette» adopte un point de vue féminin pour ce western sensuel...
Elle Fanning dans Les Proies de Sofia Coppola
Elle Fanning dans Les Proies de Sofia Coppola - Universal France/Focus Films
Caroline Vié

Caroline Vié

L'essentiel

  • Dans « Les Proies », des femmes isolées recueillent un soldat blessé.
  • Sofia Coppola dirige Nicole Kidman, Elle Fanning et Kirsten Dunst et Colin Farrell.
  • La réalisatrice signe un western au féminin récompensé à Cannes.

Sofia Coppola est repartie du Festival de Cannes avec le prix de la mise en scène pour Les Proies, relecture d’un film réalisé par Don Siegel en 1971. Un orphelinat, dirigé par une Nicole Kidman glaciale, y devient le refuge d’un soldat blessé en plein cœur de la guerre de Sécession.

L’homme viril (joué par Colin Farrell remplaçant le Clint Eastwood de la version originale) devient un objet de désir pour un groupe de dames privées de présence masculine depuis des mois. Kirsten Dunst et Elle Fanning se disputent ses attentions face à la maîtresse femme à laquelle Kidman apporte une autorité impondérable « Le film de Don Siegel insistait sur le héros. J’adopte le point de vue de femmes frustrées sexuellement redécouvrant soudain ce qu’est le désir », explique la réalisatrice à 20 Minutes.

Colin Farrell, homme objet

La réalisatrice de Virgin Suicides (1999) et Marie-Antoinette (2006) poursuit son exploration d’un monde au féminin pluriel avec ce western élégant et joyeusement pervers. « Colin Farrell était idéal pour cristalliser les désirs de mes héroïnes car il a un charme un peu canaille. On peut aisément comprendre qu’il éveille leur sensualité, » précise-t-elle. Petit à petit, la fièvre monte dans cette masure perdue au fond d’un jardin luxuriant où toutes, de la plus jeune à l’aînée, convoitent l’attention du mâle capricieux.

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Un sujet tabou

« J’ai fait travailler les actrices ensemble en les réunissant dans ce que je considérais comme une minicolonie de vacances, explique Sofia Coppola. Cela m’a permis d’assurer la cohésion du groupe. » L’alchimie qui, tour à tour, unit et désunit les rivales est l’un des moteurs du suspense. « A cette époque, les femmes étaient refoulées mais je crois que le désir féminin demeure un sujet tabou surtout à Hollywood », insiste Sofia Coppola. Le blessé tente de faire sa loi avant de se trouver pris au piège.

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Un jeu de pouvoir

Autour des broderies, des fourneaux et des plates-bandes, un étrange jeu de chat et de souris s’organise tandis que le pouvoir change régulièrement de mains. « Les proies ne sont pas celles qu’on pourrait imaginer de prime abord », s’amuse la réalisatrice. Plus académique que ses œuvres précédentes, cette étude de mœurs confirme sa maestria pour les portraits de groupe avec dames. Une direction d’actrices impeccable séduit le spectateur pris au piège de chasseresses implacables aux allures angéliques.