VIDEO. «Une femme douce»: Comment une héroïne exaspérante finit par devenir attachante
DRAME•Cette chronique, présentée en compétition à Cannes, suit le périple d’une femme de détenu à la détermination sans faille dans la Russie d'aujourd'hui…Caroline Vié
L'essentiel
- Ce drame présenté à Cannes suit une femme de détenu dans la Russie d'aujourd'hui.
- D’abord agaçante, elle devient vite attachante.
- Vasilina Makovtseva, qui l’incarne, livre une prestation brillante.
Le spectateur aimerait bien secouer vivement l’héroïne d’Une femme douce. Ce film de Sergei Loznitsa, présenté en compétition à Cannes cette année, suit le calvaire de cette malheureuse tentant vainement de faire parvenir un colis à son mari emprisonné pour un crime qu’il n’a pas commis. « On ne sait quasiment rien de mon héroïne, on connaît juste l’espace dans lequel elle est forcée d’exister », explique le cinéaste ukrainien.
Pendant près de deux heures trente, le réalisateur de Dans la brume fait partager les épreuves de Vasilina Makovtseva, impeccable en épouse impavide prenant brutalités, humiliations et autre fins de non-recevoir avec un calme olympien proche de l’apathie. De quoi mettre la patience du public au supplice !
Cette chronique, très librement inspirée de La Douce de Fiodor Dostoïevski, finit cependant par rendre attachante cette femme résolue au point de se mettre en danger. 20 Minutes explique pourquoi.
On aime la détermination de la « Femme douce »
Elle trace son chemin sans s'en laisser détourner ! Chassez-la par la porte, elle rentrera par la fenêtre. Même les militaires, pourtant pas vraiment aimables, qui veulent la renvoyer chez elle, n’ont pas raison de sa détermination un tantinet suicidaire.
La « Femme douce » nous venge de la bureaucratie
On aimerait être aussi tenace face à l’arbitraire de la bureaucratie ! Cette dame de fer se heurte à un mur quand elle porte son paquet à son mari en prison, mais elle ne renonce pas à pourrir en retour la vie d’une employée odieuse (et c’est bien fait !).
La « Femme douce » montre que la Russie, c’est pas du gâteau
Ce parcours de la combattante est une métaphore de ce qu'est la vie en Russie aujourd’hui. « Ce pays est empreint de toutes sortes de violence, estime Loznitsa. On doit à chaque étape de son existence emprunter une voie difficile, mensongère, parfois terrible. »
La « Femme douce » révèle une actrice brillante
La mise en scène sèche du cinéaste met en valeur la performance de Vasilina Makovtseva, une véritable découverte. « Elle reste stoïque et ne sourit pas une seule fois dans le film, souligne le cinéaste. C’est extrêmement difficile de rester éternellement impassible. » Mais c'est ce qu'on lui a demandé et elle le fait très bien.
La fin de la « Femme douce » fait mal
Sans révéler le dénouement du film, on peut dire que sa fin laisse le public sur les genoux et accentue l’empathie qu’il ressent pour cette femme douce dans un pays à la dureté impitoyable, gangrené par l’injustice et la corruption.