«Death Note» sur Netflix: Une bonne adaptation de manga, c'est possible? (s'il vous plaît)
ADAPTATION•Depuis 10 ans, plusieurs réalisateurs américains (Shane Black, Gus Van Sant...) tentent d'adapter le manga «Death Note», mais c'est finalement au jeune Adam Wingard de relever le défi...Vincent Jule
Lorsque Philippe Lacheau a annoncé que son prochain film, après les Babysitting et Alibi.com, sera une adaptation de Nicky Larson, il a déclenché une levée de boucliers de la part des fans du dessin animé du Club Do et du manga original City Hunter. Adam Wingard peut en parler, il a reçu son lot de « death tweets », lorsqu’il a signé pour le film Death Note. « Dans la seconde, j’ai reçu des messages de gens m’accusant d’avoir bousillé leur manga préféré. Alors que nous n’avions encore rien fait, qu’il n’y avait aucune image. Comment les prendre au sérieux ? Il y a chez les fans cette étrange satisfaction à voir les choses mal tourner, à pouvoir dire que c’est nul. Si j’avais su ce qui m’attendait, j’y aurais peut-être réfléchi à deux fois. (rires) »
La jurisprudence Dragonball Evolution
Mais le réalisateur du dernier Blair Witch et du futur Godzilla versus Kong prend le problème à l’envers. Car cette méfiance ne vient pas de nulle part, elle remonte à la jurisprudence Dragonball Evolution - le pire film du siècle ? Il y avait bien eu un Ken le survivant nanardesque dans les années 1990, mais là, les fans ont crié d’une seule voix : plus jamais ça. A chaque nouvelle adaptation, c’est donc la boule au ventre. Enfin, pour les adaptations américaines, car les adaptations japonaises sont souvent fidèles, mais atteignent rarement nos contrées.
Ghost in the Shell n’a ainsi pas aidé à rassurer sur les futurs films Akira et Gunnm.
« Ils auraient dû tout changé »
Pour Adam Wingard, « le souci de Ghost in the Shell est d’être resté trop proche du matériau d’origine, ils ont pris un acteur américain, blanc, mais ont gardé le nom japonais et la localisation au Japon. Ils auraient dû tout changer. » C’est ce qu’il a tenté de faire. Nat Wolff interprète ainsi non pas Light Yagami mais Light Turner, et vit à Seattle. Dès la première minute de film, le Death Note tombe du ciel, et le dieu de la mort Ryuk (Wiliam Dafoe) lui explique qu’il n’a qu’à y écrire le nom d’une personne pour qu’elle meure. Avec sa camarade Mia (Margaret Qualley), il décide de punir les criminels du monde entier, mais attire l’attention de la police et du mystérieux L.
Gentil ou anti héros ?
A part l’américanisation des noms et la délocalisation aux Etats-Unis, le pitch ne diffère donc en rien du manga, de la série animée ou de la très bonne adaptation live japonaise. Pourtant, le réalisateur opère un changement de taille sur son héros. Dans le manga c’est un antihéros, un surdoué hautain et blasé et finalement le méchant de l’histoire. Rien de tout ça ici : « Le film raconte comment un banal lycéen avec un carnet devient un génie du mal, un anti super-héros ». Il oublie de préciser que son film a un vrai méchant, un autre méchant.
Freaks & Geek
Malgré cette approche différente des personnages, Adam Wingard assure que l’esprit de Death Note est respecté : « Qu’est-ce le bien, le mal, et comment définir cette zone de gris entre les deux ? C’est ce qui m’intéressait d’explorer, à travers une romance adolescente tragique. » Pour le combat moral entre le bien et le mal, entre L et Light, il faudra repasser (peut-être pour la suite, Adam Wingard a pitché une trilogie à Netflix), mais c’est vrai que Death Note US aurait pu aussi s’appeler « Freaks & Geek », pour son portrait d’une jeunesse en marge, rebelle, insolente. C’est là que le film est le meilleur, trouve sa propre identité. On pense un peu à Heathers, le film culte des années 1980 avec Winona Ryder et Christian Slater, et à son titre français de rigueur : Fatal Games.
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