«Nous pensions confusément que notre bande dessinée pourrait un jour donner un film », confie Pierre Christin. Mais le scénariste s’empresse d’ajouter : « Nous ne l’avons jamais écrite dans ce but. »

C’est toutefois le dessinateur Jean-Claude Mézières lui-même qui a conseillé au réalisateur de porter leur univers à l’écran après avoir collaboré au Cinquième élément en 1997.

Il aura fallu vingt ans au réalisateur pour adapter L’ambassadeur des ombres avec Dan DeHaan dans le rôle-titre de l’agent secret spatio-temporel et Cara Delevingne dans celui de sa partenaire. « Je savais que son amour pour Valerian et sa maestria de réalisateur faisaient de lui le candidat parfait », explique le dessinateur.

A la fois lointain et familier

Si les auteurs ont été ravis de voir leurs personnages s’incarner en arrivant sur le tournage du Valérian et la cité des mille planètes de Luc Besson, ce n’est pas ce qui les a le plus impressionnés. « Les rencontrer a été fort agréable, mais ce qui m’a le plus marqué, c’est l’ampleur des décors : j’ai juste pu murmurer « Nom de Dieu », tellement j’étais sidéré par l’impression de me promener dans mes dessins », reconnaît Jean-Claude Mézières.

La fidélité du film à son univers graphique est étonnante. « J’ai ressenti le sentiment étrange de relire l’un de nos albums, s’amuse Pierre Christin. Je me trouvais dans un monde à la fois lointain et familier. » Tous deux soutiennent le film à fond maintenant qu’ils l’ont découvert.

Dans l’esprit de la bande dessinée

Ils avaient été échaudés par la série animée inspirée de leur œuvre au milieu des années 2000. « On était passé du travail de deux artisans dans leur cave à un boulot de masse qui n’avait qu’une parenté lointaine avec notre bédé. Sur le tournage du Besson, j’ai retrouvé des artistes comme nous avec qui on se sentait à l’aise », se souvient Jean-Claude Mézières.

Le résultat n’a pas déçu les complices. « La bande dessinée a son propre langage et sa spécificité. Luc a trouvé comment être fidèle à notre esprit tout en apportant une touche personnelle », insiste Pierre Christin. C’est ce qui fait l’un des grands intérêts de cette œuvre pharaonique.

Bientôt de nouvelles aventures !

Tandis qu’un nouvel album est en préparation, le duo de septuagénaires se prépare à voir un nouveau public découvrir leurs albums. « C’est gratifiant de penser que des jeunes vont rencontrer Valérian et Laureline » déclare Jean-Claude Mézières. Il est certain que le film donne une vraie envie de se précipiter sur leurs albums.