Décès de George Romero, l'homme à l'allure d’un ogre et la gentillesse d’une bonne fée
RENCONTRES•Dans la réalité, George Romero était un homme aussi sympathique que drôle…Caroline Vié
L'essentiel
- George Romero n’aimait faire peur qu’au cinéma.
- Il encourageait volontiers les jeunes cinéastes.
- Il n’avait rien contre l’idée de revenir en zombie.
George A. Romero ne ressemblait pas à ses films. Pour l’avoir rencontré à maintes occasions, nous sommes formels : le « papa » des morts-vivants n’aimait faire peur qu’au cinéma. Même si ce gentleman pouvait avoir la dent dure pour ceux qui méprisaient le cinéma fantastique et ses chers morts-vivants !
a« George a l’allure d’un ogre et la gentillesse d’une bonne fée », disait de lui son complice et maîtres des effets spéciaux Tom Savini, quand Romero me l’a présenté en 2000. Ce père de famille généreux n’avait de cesse que d’inviter ses potes à boire des bières à Pittsburgh, sa ville industrielle qu’il savait rendre festive.
Généreux avec les jeunes
J’étais encore toute jeune quand j’ai eu la chance de le rencontrer la première fois, en 1982. C’était au Festival de Cannes et Romero venait présenter Creepshow en compagnie de Stephen King. Le romancier m’avait alors conseillé : « Vous devriez nous accompagner voir ce petit film dont le réalisateur a du potentiel. » C’est ainsi que j’ai découvert Evil Dead, Sam Raimi et la preuve que Romero avait autant de nez que de générosité.
Un rêve devenu réalité
Il n’éprouvait aucun snobisme pour les jeunes cinéastes, au contraire, allant jusqu’à convier Edgar Wright et Simon Pegg, les complices de Shaun of Dead, a faire une apparition dans sonLand of the Dead (Le territoire des morts). « Il savait que je rêvais de jouer un zombie dans l’un de ses films et il a exaucé mon souhait », confiait Edgar Wright à 20 Minutes au moment de la sortie d’Hot Fuzz.
Vénéré par les célébrités et les autres
« Romero est l’un de mes réalisateurs favoris et l’un des plus chics types du monde », nous expliquait Kirk Hammett de Metallica. Le réalisateur ne faisait aucune différence entre ses fans célèbres et les anonymes. « Je n’aurais jamais pensé que mes morts-vivants plairaient autant ni qu’ils seraient sans doute amenés à me survivre », me disait-il, pensif, à la sortie de Land of the Dead en 2005.
L’ami des zombies
La seule chose qui l’agaçait grandement de voir des réalisateurs faire courir des zombies dans leurs films. « Quelle drôle d’idée ! Les zombies sont morts donc ils ont mal aux articulations et ne peuvent pas cavaler. Moi qui suis encore vivant, mais plus tout jeune, je sais de quoi je parle ! », nous confiait-il toujours en 2005.
L’humour toujours
Ses yeux brillait derrière ses épaisses lunettes aux montures noires. « Je suis une chouette, un animal de nuit, surtout quand il y a de la bière », plaisantait-il volontiers. Quant à l’idée de revenir en zombie, elle n’était pas pour lui déplaire. « Comme les morts-vivants retrouvent toujours leurs vieilles habitudes, je reviendrai croquer acteurs et techniciens sur les plateaux de tournage », avait-il plaisanté lors de notre dernière rencontre amicale en 2012 à Los Angeles. Bon appétit M. Romero, et quand vous serez de retour, n’oubliez pas de nous appeler à table !