Brillante Mendoza: «Aujourd'hui, Ma' Rosa ne survivrait pas»
FESTIVAL DE CANNES•Le cinéaste philippin Brillante Mendoza était cette semaine le parrain de La Fabrique des Cinémas du monde… L’occasion de revenir sur le prix d’interprétation décroché l’an dernier par « Ma Rosa ».Stéphane Leblanc
Retour au Festival de Cannes à la Fabrique des cinémas du monde pour Brillante Mendoza, un an après avoir présenté en compétition Ma Rosa. On se souvient que ce portrait d’une épicière philippine qui deale pour arrondir ses fins de mois avait valu à Jaclyn Jose le prix d’interprétation.
Et 20Minutes, qui apprécie le ravail de ce cinéaste depuis ses débuts, n’a pas pu s’empêcher de lui demander si le destin de son personnage ne serait pas aujourd'hui contrarié par la politique de lutte contre la drogue menée depuis l'arrivée au pouvoir dans son pays du président Duterte, le 30 juin 2016.
« Ce n’est pas seulement la fin qui serait différente, confirme le cinéaste, mais tout le film, dans ses moindres péripéties, tant la répression frappe actuellement durement les toxicomanes et leurs dealers », raconte Brillante Mendoza, venu à Cannes passer quelques jours pour rencontrer les jeunes cinéastes de l’opération La Fabrique des Cinémas du monde, initiée par l’Institut français. Et conseiller à ces débutants de «puiser leur inspiration dans le monde qui les entoure, plus que de suivre les leçons de leurs ainées»
Une note d'espoir révolue
Pour en revenir à Ma' Rosa, « Les meurtres de ces petits délinquants, par la police ou par des individus non identifiés, font que le film ne pourrait plus se terminer sur une note d’espoir, reprend Brillante Mendoza. Aujourd'hui, Ma' Rosa ne survivrait pas. Elle serait probablement liquidée dès le début du film ». A moins qu’elle ne subisse pendant tout le film une terrible descente aux enfers, plus proche de celle de la prostituée filmée hors champ dans Kinatay (prix de la mise en scène en 2009) que de celle de Ma' Rosa, mère courage dans le pétrin mais finalement sauvée par ce qu’il restait encore dans la société de forme d’humanité.