VIDEO. Festival de Cannes: «Jeannette», la voix de l'enfance et du rock'n'roll
QUINZAINE DES REALISATEURS•Le réalisateur de « Ma Loute » revient à la Quinzaine des réalisateurs avec une comédie musicale inspirée de l’enfance de Jeanne d’Arc…De notre envoyé spécial à Cannes, Stéphane Leblanc
Comme Michel Hazanavicius avec Godard, Bruno Dumont dynamite le mythe de Jeanne d’Arc pour mieux la faire renaître de ses cendres. Et sa transposition de la poésie de Charles Péguy à l’écran est vivifiante : Jeannette est une comédie musicale aux accents délicieusement rock et électro, « avec de l’humour pour contrebalancer le sérieux de ce texte où l’on trouve une résonance très actuelle sur la foi, la certitude de l’existence de Dieu, la peur de l’envahisseur, l’engagement… »
Pour l’incarner enfant, puis adolescente, le cinéaste a recruté ses deux jeunes actrices lors de castings classiques. « Il fallait qu’elles soient capables de bouger et de chanter. » Ce que les deux Jeannette du film, la petite (Lise, 9 ans) et la grande (Jeanne, 15 ans), font avec beaucoup de délicatesse, comme elles ont bien voulu le montrer à 20Minutes.
« Mettre les mots de Péguy en musique, c’est une façon de les rendre plus accessibles, même si on ne comprend pas tout, assure le cinéaste. Il y a un rapport évident entre la musique – metal et electro notamment, et l’extase mystique. Je suis sûr que les adeptes du head banging sont d’accord avec moi. »
Les miracles du numérique
Et Dieu dans tout ça ? « Personnellement, je n’y crois pas du tout, sauf au cinéma. Des cinéastes non croyants, comme Bunuel ou Pasolini, ont fait de grands films sur la croyance. Je milite pour la disparition du religieux dans la vie quotidienne, mais pas dans l’art qui est le lieu où il s’exprime le mieux. »
Au cinéma, Bruno Dumont croit aux miracles, quand il ne les provoque pas lui-même. Dans Jeannette, les voix divines prennent l’apparence de saints en lévitation. « Parce que je suis un cinéaste, un artiste visuel, je m’intéresse plus aux apparitions qu’aux voix », s’amuse le cinéaste, qui a tourné son film l’été dernier sur la Cote d’Opale. Sans la mer ? « Je l’ai enlevée pour mettre à la place des images du village de Domrémy où Jeanne a grandi ». D’un coup de baguette numérique. Ou un coup du bon Dieu.