C'est à Netflix qu'«Okja» doit sa liberté, selon Bong Joon-ho
COMPETITION•Après l’accueil triomphal de son film, le réalisateur coréen revient pour « 20 Minutes » sur son expérience avec Netflix…De notre envoyée spéciale à Cannes, Caroline Vié
Quelques heures après la projection d’Okja au Festival de Cannes, Bong Joon-ho est compréhensif vis-à-vis des soucis techniques du début de la projection. « Ce sont des choses qui arrivent dans tous les festivals, confie-t-il. Et puis, grâce à ça, les gens ont vu le début deux fois, ce qui tombe bien car il y a beaucoup d’informations ! » Pour 20 Minutes, le réalisateur coréen deThe Host est revenu sur ce film produit par Netflix qui fait l’objet d’une violente polémique parce qu’il ne sera montré qu’à la télévision.
Etre en salle (ou pas)
« Je préfère la salle de cinéma à tout autre mode de diffusion, explique-t-il mais Netflix m’a offert une liberté que les grands studios ne me donnaient pas, tandis que les petits producteurs n’avaient pas les moyens de financer mon film, trop cher pour eux. » Cette tendre histoire d’amitié entre une fillette et un cochon transgénique livre une critique féroce de la loi du profit, ce qui peut sembler paradoxal quand on connaît la politique commerciale offensive de Netflix. « Le scénario a beaucoup plu à la direction de la chaîne. Je trouve ironique que l’on ait besoin de l’argent d’une grande société pour dénoncer les travers du capitalisme », insiste Bong Joon-ho.
Pas de polémique
La polémique sur la sortie en salles ne semble pas vraiment pertinente au réalisateur. « Ce n’est pas parce que de nouvelles façons de voir les films naissent que cela va anéantir les autres. On avait pensé que le cinéma 2D allait disparaître quand James Cameron a sorti Avatar en 3D et cela n’est pas arrivé. Toutes ces choses sont complémentaires. » Bong Joon-ho a d’ailleurs conçu son film comme une œuvre de cinéma « mais, contrairement aux studios de cinéma, Netflix m’a laissé libre de garder la violence et les grossièretés, y compris une scène d’abattoir qui dénonce la maltraitance des animaux élevés en batterie. Tant que mon film est bien distribué, le support m’importe moins que le final cut tel que je l’avais imaginé. »
Que du cinéma !
Le réalisateur connu pour des œuvres violentes comme Memories of murder (qui ressort en version restaurée le 5 juillet prochain) est surpris d’avoir été sélectionné pour un conte familial. « C’est vrai qu’on me considère plutôt comme un réalisateur de films de genre bien que je ne comprenne pas bien ce que cela veut dire. » Enchanté par la réception enthousiaste d’Okja, il n’a maintenant qu’une envie : découvrir une autre façon de considérer le cinéma : Carne y arena, l’expérience de réalité virtuelle créée par Alejandro González Iñárritu. « Tout cela, c’est bel et bien du cinéma » dit-il. On est d’accord avec lui.