Festival de Cannes: L'art et la manière de shooter une star au bon moment
PHOTO•Pascal Le Segretain, photographe pour l'agence Getty Images, présente ses meilleures images du festival de Cannes, qu'il agrémente de conseils pour réussir ses photos de stars...De notre envoyé spécial à Cannes, Stéphane Leblanc
Les stars du Festival de Cannes, il les photographiait déjà au siècle dernier (depuis 1999). Pascal Le Segretain, de l’agence Getty Images, a choisi 20Minutes pour présenter une dizaine de ses meilleurs clichés et livrer ses conseils pour apprendre à saisir une star sur le vif.
Regardez-moi dans les yeux
Le secret d’une photo réussi, c’est d’abord une affaire de regard. « Il faut que les yeux de la star croise votre objectif, explique le photographe. Ce qui est très aléatoire, car elle ne vous voit pas. Et vu le bruit de la sono et le vacarme de la foule, elle ne vous entend pas non plus. »
Il n’empêche que ces photos d’Uma Thurman que le photographe « a dû appeler très fort pour qu’elle se retourne », de Nicole Kidman qui « rectifie sa coiffure de la main » tout en le fixant dans les yeux, ou encore de Dustin Hoffman « qui fait le pitre en prenant tout le monde de court », font partie de celles que le Pascal Le Segretain préfère.
Affûtez vos réflexes
Ce n'et pas un hasard si les appareils des pros s’appellent des reflex. « Le secret sur les marches, où il y a souvent plusieurs stars en même temps et tellement de choses à photographier, c’est d’être très attentif de façon à être prêt à réagir très vite. » Comme pour la photo de Sophie Marceau dévoilant un sein à l’ouverture du festival 2005, « on n’était que deux photographes à avoir réussi à capter la série complète », raconte-t-il.
L’important est d’appuyer sur le déclencheur au bon moment, quand il se passe quelque chose, et de saisir ainsi « toute la complicité de ce fou rire entre Julia Roberts et George Clooney ».
La bonne photo tient souvent d’un coup de chance, mais aussi d’un bon coup d’œil. C’est ainsi que Pascal Le Segretain a pu capter Eva Longoria avec une assistante derrière elle qui ajuste sa traîne. « Cela rend l’image plus vivante », justifie le photographe.
Trois objectifs pour une image
Pour les férus de technique, le photographe avoue utiliser trois boîtiers, et jongler de l’un à l’autre en fonction de la distance qui le sépare de la star. Comme les autres photographes, il est placé sur le côté, mais avec la réputation de Getty Images lui permet d’être au milieu d’un parcours qui ne compte finalement que 24 marches et 60 mètres de tapis rouge.
« Lorsque les stars attendent en bas des marches, ou lorsqu’elles sont arrivées en haut, j’utilise un petit zoom-téléobjectif de 70 à 200mm. Au centre, près de moi, un zoom-grand angle de 24 à 120mm. Et pour aller chercher des détails, un téléobjectif de 300mm. »
Une utilisation modérée du flash
« Je n’ai qu’un seul flash que j’utilise le moins possible, car je trouve la lumière souvent trop forte. » A Cannes, Pascal Le Segretain a un truc : « je récupère la lumière des autres. Comme pour cette photo de Brad et Angelina : j’ai coupé, mon flash pour qu’on puisse voir ceux des autres photographes en face ».
Pas de photos volées (ou si peu)
A Cannes, il n’est pas d’usage de voler les photos à la façon d’un paparazzi. Il faut montrer patte blanche et souvent demander, en plus de son accréditation, un surbadge pour chaque événement. Et négocier avec les stars, comme lorsque Karlie Kloss accepte de passer quelques minutes à poser pour lui dans les jardins de l’Eden Roc avant le gala de l’Amfar.
Il n’empêche que certains refusent les photos. « C’est le cas de Leonardo DiCaprio, raconte Pascal Le Segretain. Il ne faut surtout pas lui demander, il n’accepte jamais et pire, après il se méfie. Il faut alors échapper à sa vigilance et à celle de ses gardes du corps et chercher une complicité dans l’assistance. Pour cette photo, j’ai attendu que Marion Cotillard s’assoit à sa table. Comme je la connais un peu, je l’ai appelée et j’ai déclenché. On a l’impression qu’elle se moque de Leo : "Tu vois, tu t’es fait avoir"... Et moi, j’avais ma photo. »