Festival de Cannes: Les atouts féminins de la Semaine de la critique
CINEMA•Trois réalisatrices sont en compétition de la plus ancienne des sections parallèles du Festival de Cannes, dont la sélection était dévoilée ce vendredi...Stéphane Leblanc
Toujours plus de femmes derrière la caméra et un net penchant pour les films de genre (thrillers ou comédies) rattrappés par la réalité, c'est ce qu'on retient de la liste des films sélectionnés cette année à la Semaine de la critique.
De La Guerre est déclarée de Valérie Donzelli en 2010 à Grave de Julia Ducournau l'an dernier (et dont une image de la projection cannoise se retrouve sur l'affiche cette année), les réalisatrices ont toujours eu les honneurs de la Semaine de la critique. Mais cette fois, les filles sont (presque) aussi nombreuses que les garçons.
Trois films de femmes
Ava, premier long métrage de la Française Léa Mysius, « est un film merveilleusement solaire, sensuel, lyrique », selon le délégué de la Semaine Charles Tesson, sur une jeune femme (Noée Abita), qui apprend à maîtriser ses démons et rencontre l’amour de sa vie. Los Perros, second long métrage de la Chilienne Marcela Said, règle ses comptes avec les vestiges de la dictature Pinochet. Un film « courageux, dérangeant et audacieux », pour le sélectionneur. Enfin, Oh Lucy!, premier film de la Japonaise Atsuko Hiranayagi, se présente comme « une délicieuse comédie douce et amère » en forme de voyage insolite où les cœurs balancent entre le Japon et les Etats-Unis.
Fictions, documentaires et dessins animés pour dire la réalité
Du côté des hommes, le réalisateur iranien Ali Soozandeh sort du lot. Son film, Téhéran Tabou, est un dessin animé qui dresse « le tableau ahurissant et inimaginable de la vie à Téhéran », selon Charles Tesson; une bonne façon d'« explorer un Iran interdit ». Après Bovines, le Français Emmanuel Gras est allé tourner son nouveau documentaire Makala, au Congo. « Un récit d’une ampleur bouleversante » pour le délégué. Gabriel e a montanha, du Brésilien Fellipe Gamarano Barbosa se situe également en Afrique, mais c'est une fiction où un jeune idéaliste qui pense pouvoir changer le monde va se heurter à ses certitudes d’homme de la civilisation.
Le quatrième film masculin (et aussi le troisième film sud-américain de la compétition) est vénézuélien : La familia, premier long-métrage de Gustavo Rondón Córdova est « une œuvre poignante sur la transmission » entre un père et son fils qui vont apprendre à se connaître au cours d’une déambulation urbaine dans un Caracas comme on ne l’a jamais vu.
Une surprise en cloture
Hors compétition, Sicilian Ghost Story que les Italiens Fabio Grassadonia et Antonio Piazza présentent en ouverture, mêle le mythe de Roméo et Juliette et celui de la mafia sicilienne « avec une puissance magistrale ». Une vie violente de Thierry de Peretti est un film de gangsters corses au « réalisme bluffant ». Et Petit Paysan d'Hubert Charuel est encore un thriller, mais au milieu des vaches, dans les champs.
En cloture, Brigsby Bear de l’Américain Dave McCary flirte plutôt du côté du conte fantastique, avec cette histoire d'adolescent ayant grandi dans une bulle de cinéma concoctée par son père, interprété par… Mark Hamill. Pas sûr que le héros de la saga Star Wars vienne à Cannes pour présenter ce « beau film sur l’amour du cinéma et l’art de refuser de s’en défaire, par fidélité à ceux qui vous l’ont fait aimer », selon les mots de Charles Tesson. Mais avec la Semaine de la Critique, le rêve n’est jamais loin de la réalité…