DRAMELa morale est floue pour le «Fixeur» d'Adrian Sitaru

«Fixeur»: Un bon reporter peut-il être un honnête homme?

DRAMEDans « Fixeur », un journaliste doit louvoyer entre ses principes et les désirs de ses employeurs peu scrupuleux…
Caroline Vié

Caroline Vié

Dans Fixeur d’Adrian Sitaru, un journaliste roumain, incarné par Tudor Aaron Istodor, récompensé au Festival de cinéma européen des Arcs, s’est proposé pour organiser la rencontre entre deux prostituées mineures et une équipe de télévision française.

« Fixeur est un film sur l’abus et la manipulation, mais c’est aussi un film sur la dualité de notre système de valeurs », précise le cinéaste roumain. Le personnage n’est pas un homme sans foi, ni loi : il s’agit d’un père de famille honnête rêvant de devenir un journaliste internationalement reconnu, quitte à mettre son sens de l’éthique de côté pour parvenir à ses fins.

Tiré à hue et à dia

Le réalisateur d’Illégitime met l’accent sur la fragilité du métier de fixeur. Tiré à hue et à dia par des journalistes désireux de revenir en France avec des images fortes, le héros subit leurs pressions au quotidien et doit choisir entre leur donner satisfaction ou perdre toute chance de percer dans le métier. « Avec ce film, je me suis retrouvé face à de vieux démons. J’ai réalisé comment je pouvais, animé par le seul désir d’atteindre une certaine perfection, m’autoriser à faire passer l’art avant la vie », déclare le cinéaste. Son personnage, prêt à tout pour réussir, est au cœur de cette problématique.

Manipulateur malgré lui

Afin de répondre aux exigences toujours plus extrêmes de ses employeurs, le fixeur doit mentir pour persuader les familles des gamines et les membres d’une ONG tentant de les protéger, que le fait de témoigner devant la caméra leur sera bénéfique. « Au-delà de la position du journaliste ou du réalisateur, je me suis intéressé à comment nous manipulions nos proches. Toujours au nom de principes très louables », précise Adrian Sitaru. Le héros ne mesure l’ampleur du calvaire des filles qu’après que l’une d’elle s’est confiée à lui. Cela l’empêchera-t-il de la livrer en pâture aux médias ? Là réside l’enjeu du film.

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Père et reporter

« La ligne entre l’excès et la bienveillance est très fine et varie selon la façon dont vous la regardez », reconnaît Adrian Sitaru. Ses expériences professionnelles intenses entre parents dépassés, souteneurs et ados traumatisées, rendent le fixeur plus humain en l’invitant à modifier ses priorités et ses vues sur le monde. Il sort changé de cette aventure douloureuse, devenu sans doute lui-même un meilleur père pour son jeune fils.

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