VIDEO. Jean-François Clervoy: «"Les figures de l’ombre" tenaient la vie de l’astronaute entre leurs mains»
AVENTURES•L'astronaute Jean-François Clervoy explique pourquoi « Les figures de l’ombre » est en tout point fidèle à ce qu'ont pu vivre ces mathématiciennes noires lors de la conquête spatiale…Caroline Vié
Les figures de l’ombre de John Melfi revient sur des femmes méconnues puis totalement oubliées : les techniciennes qui ont permis la mise en orbite de l’astronaute John Glenn. Taraji P. Henson, Octavia Spencer et Janelle Monae incarnent ces héroïnes qui ont dû se battre pour s’imposer à la Nasa au début des années 1960.
« J’ai trouvé le film remarquable par la façon dont il décrit le début de la conquête spatiale et révèle la lutte acharnée de femmes brillantes contre la ségrégation », explique à 20 Minutes, l’astronaute français Jean-François Clervoy qui a travaillé à la Nasa et qui a effectué trois vols dans l’espace.
Une histoire vraie et vérifiée
Le scientifique a été emballé par le film qui lui semble correspondre à la réalité. « Après l’avoir vu, je me suis livré à une petite enquête, car je n’avais jamais entendu parler de cette histoire, avoue-t-il. J’ai découvert que ces femmes avaient réellement existé et qu’elles étaient alors respectées pour leur cerveau mais méprisées pour leur couleur de peau. » Tout est compliqué pour les héroïnes contraintes de courir à l’autre bout de la base pour trouver les toilettes qui leur sont réservées ou de batailler pour avoir le droit d’assister à des réunions indispensables pour leur travail.
L’égalité des chances
« Elles tiennent la vie de l’astronaute entre leurs mains, insiste Jean-François Clervoy car le calcul de trajectoire est un élément essentiel pour la réussite d’une mission. » Fort heureusement, la NASA a clairement changé son attitude vis-à-vis des minorités en instaurant un système de quotas. « Quand j’y étais dans les années 1990, la NASA était citée en exemple dans le domaine de l’égalité des chances », témoigne l’astronaute qui mettait un point d’honneur à rencontrer lui-même les scientifiques travaillant sur ses missions. « C’est important de mettre un visage sur les gens qui vous envoient dans l’espace. » La vraie Katherine Johnson est venue faire un coucou sur la scène des Oscars.
Un message qui fait du bien
Jean-François Clervoy s’est retrouvé dans ce film résolument positif interprété par des femmes fortes. « Les figures de l’ombre montre bien la passion qui habite tous ceux qui participent à ces missions et j’ai même reconnu des endroits dans lesquels j’ai vécu des situations similaires à celles qui sont montrées à l’écran », insiste-t-il. On se laisse facilement embarquer dans cette aventure technologique, mais avant tout humaine.