«Fences»: Denzel Washington adapte une pièce sans faire du théâtre filmé
DRAME•A la fois acteur et réalisateur de « Fences », Denzel Washington a tout mis en œuvre pour rendre justice à la pièce d’August Wilson…Caroline Vié
Denzel Washington est à la fois l’acteur principal et le réalisateur de Fences, film adapté d’une pièce de théâtre signée August Wilson, à qui elle a valu le prix Pulitzer en 1987. Et sa partenaire, Viola Davis, elle a déjà remporté un Golden Globe pour cette histoire de famille citée quatre fois à l’Oscar.
Les rapports explosifs de ce père de famille, aigri par les sacrifices de sa vie, avec sa femme et ses fils sont passés au crible par Denzel Washington qui a souhaité éviter de faire du théâtre filmé. « La principale différence entre la scène et l’écran est que, au cinéma, vous pouvez diriger le regard du spectateur vers ce que vous souhaitez lui montrer », précise-t-il.
Tourner chronologiquement
Pour aider ses comédiens à incarner leurs personnages, il a essayé de tourner l’histoire chronologiquement. « Il aurait été très difficile pour eux de commencer par la fin qui est particulièrement intense sans leur donner l’occasion de construire leur personnage tout au long du récit », insiste-t-il. La montée en puissance de ses propres face-à-face avec Viola Davis semble s’être nourrie de ce travail progressif. Il faut voir cette dernière tenir tête à Denzel Washington pour être ébloui par son génie. « C’est une comédienne d’une puissance formidable, insiste-t-il. C’est vraiment le terme qui me vient à l’esprit : la puissance. »
Sous la protection de l’auteur
Si Viola Davis reconnaît que sa perruque blanche lui a été précieuse pour composer son personnage de mère de famille vieillissante, Denzel Washington tenait beaucoup à la bouteille de gin qui réconforte le héros chaque vendredi soir. Il se demandait aussi ce qu’August Wilson, mort en 2005, aurait pensé de son travail. « A chaque fois que je me trouvais confronté à un souci, je me disais qu’August tentait de me faire savoir qu’il n’était pas satisfait. » On s’autorise au contraire à penser que l’auteur aurait été enchanté de cette adaptation respectueuse des émotions contenues dans son œuvre.