En 1989, Krzysztof Kieślowski (1941-1996) se fait connaître en dehors de sa Pologne natale avec Le Décalogue qui ressort en vidéo. Il y décline les dix commandements en une série de fictions contemporaines dont la puissance reste intacte. 20 Minutes expose les dix principes de réalisation qui concourent à cette réussite.

1/Econome, tu es et tu resteras

« A l’origine, Le Décalogue n’était qu’une série de petits films de province destinés à la télévision polonaise », déclare-t-il dans un bonus du coffret. La portée de ce cycle de plus de neuf heures va dépasser les frontières alors qu’il n’a coûté que 100.000 dollars.

2/Des thèmes universels, tu aborderas

Le spectateur se sent en empathie avec des héros malmenés par leur vie. « Il faut croire que tout le monde s’y est retrouvé car je parle de thèmes universels comme l’amour, le hasard et la notion de choix. »

3/De politique, tu ne parleras pas

Le seul sujet que Krzysztof Kieślowski se défend d’avoir abordé dans ses histoires est la politique. « Tout est important sauf cela dans ce qui arrive aux personnages. Je voulais montrer un autre visage des Polonais que celui de victimes de la politique. »

3/De belles histoires, tu raconteras

Une femme adultère hésitant à avorter, l’assassin d’un chauffeur de taxi et les héritiers d’un père collectionneur de timbres font partie des héros de récits qui parviennent à questionner chaque commandement de façon moderne et pertinente, sans être le moins du monde rébarbatifs.

4/L’air du temps, tu capteras

Le Décalogue offre une vue imprenable sur l’atmosphère des années 1980 en Pologne. « J’ai souhaité capter l’air du temps, prendre un instantané de la vie humaine », insiste le cinéaste amenant le spectateur à réfléchir en même temps que les héros.

5/La Pologne, tu montreras

Le réalisateur a tourné plusieurs de ses moyens-métrages, au même moment, dans la banlieue de Varsovie. Il avait choisi une cité particulièrement représentative d’une époque encore marquée (même si plus pour longtemps) par le communisme.

6/De chef-opérateur, tu changeras

Il changeait de chef-opérateur pour chaque film. « Cela rendait la réalisation plus variée en apportant un regard différent » raconte-t-il. Les segments trouvent pourtant une unité esthétique qui prend aux tripes en plongeant au cœur de la nature humaine.

7/Des questions, tu poseras

Le Décalogue interroge le spectateur sur les choix qu’il ferait à la place des personnages. Ces fables morales, voire métaphysiques, gardent toute leur acuité près de trente ans après leur réalisation.

8/Des réponses, tu n’en donneras pas

Pour autant, le réalisateur refuse catégoriquement de se considérer comme un moraliste. « Je pose beaucoup de questions, mais j’ignore leurs réponses. Ce sont les interrogations qui me passionnent », martèle-t-il.

9/Tes pairs, tu impressionneras

Cette approche fascinante a épaté les plus grands. Stanley Kubrick lui-même citait Krzysztof Kieślowski en exemple et disait que Le Décalogue était le seul chef-d’œuvre cinématographique qu’il ait vu dans sa vie.

10/Dans une belle édition, tu ressortiras

Restauré par MK2, Potemkine et Agnès B., le cycle ressort en Blu-Ray (60 €) et en DVD (50 €), accompagné de suppléments passionnants, dont une interview du maître réalisée en 1995, peu de temps avant son décès.