FESTIVAL«My French Film»: Trois cinéastes étrangers parlent de leur cinéma français

«My French Film»: La preuve par trois que le cinéma français parle aux étrangers

FESTIVALTrois cinéastes, jurés étrangers de «My French Film Festival», évoquent leurs conceptions du cinéma français pour «20 Minutes»...
Caroline Vié

Caroline Vié

My French Film Festival, manifestation organisée par l’institution Unifrance qui promeut nos films à l’international, en fait découvrir une sélection en ligne jusqu’au 13 février.

Un jury de cinq cinéastes présidé par Pablo Trapero, va choisir son favori parmi dix longs-métrages récents. 20 Minutes a posé les trois mêmes questions aux étrangers du jury pour savoir ce que représente notre cinéma pour eux.

Pablo Trapero, amoureux de la Nouvelle Vague

Le réalisateur argentin deLeonera (2008) et d’El Clan (2016) prépare une adaptation d’un livre de Patrick Alexander dont Georges Lautner s’était aussi inspiré pour Le Professionnel (1981).

Le film français qui vous a le plus marqué ?

Je ne vais pas être original. C’est A bout de soufle (1960) de Jean-Luc Godard. Je l’ai pris au premier degré quand je l’ai découvert, gamin, à la télévision argentine. Je n’ai compris son importance historique que plus tard, pendant mes études de cinéma.

Votre scène culte ?

La fin des 400 coups (1959) de François Truffaut. Joyeuse et libertaire. Je pourrais la revoir des centaines de fois qu’elle me mettrait toujours autant en joie.

Quelle est, selon vous, la particularité du cinéma français ?

Sa diversité et l’absence de frontière entre films d’auteurs et cinéma grand public. Cela m’a aussi frappé dans les films de la sélection, à la fois divertissants et ancrés dans l’actualité.

Shlomi Elkabetz, le rebelle cinéphile

Ce réalisateur israélien a notamment cosigné Prendre femme (2004) et Les sept jours (2008) avec sa sœur Ronit, décédée au printemps dernier. Il vient de produire Bar Bahr de la cinéaste palestinienne Maysaloun Hamound.

Le film français qui vous a le plus marqué ?

Zéro de conduite (1933) de Jean Vigo parce que c’est une ode à la liberté. Je le revois très souvent et suis toujours frappé par sa modernité et son ton.

Votre scène culte ?

Une séquence deL’été meurtrier (1979) de Jean Becker où Isabelle Adjani sort nue d’une grange avec des chiens qui aboient. Elle m’a tellement marquée que j’ai presque l’impression d'y avoir assisté et qu’elle fait partie de mes propres souvenirs.

Quelle est, selon vous, la particularité du cinéma français ?

Sa liberté de ton et sa façon d’aborder tous les sujets. Je ne ferais dans doute pas de films si le cinéma français ne m’en avait pas donné l’envie.

Fabrice Du Welz, amoureux de cinéma de genre

Le Belge Fabrice Du Welz a réalisé Calvaire (2005), Vinyan (2008) et Alleluia (2014). Il vient de finir Message from the king, son premier film américain qui sortira en France le 3 mai prochain.

Le film français qui vous a le plus marqué ?

Les yeux sans visage (1960) de George Franju pour sa poésie et son côté abstrait qui me fascinent. Le cinéma français me semble avoir perdu cette veine qui était aussi celle de Jean Cocteau.

Votre scène culte ?

L’ouverture du Samouraï de Jean-Pierre Melville, une pure merveille de mise en scène et d’écriture. Dès ce premier plan, on est scotché par ce cinéma qui demeure incroyablement moderne.

Quelle est, selon vous, la particularité du cinéma français ?

Il n’en a plus vraiment car il me semble avoir cédé à la facilité et avoir perdu toute ambition dans l’écriture. On ne fait plus que des films trop ancrés dans le réel pour mon goût. Et un cinéma de genre de qualité peine à y trouver sa place.