Edouard Baer: «Mon personnage d'"Ouvert la nuit", ce n'est pas moi, mais j'aime l'ambiguïté»
COMEDIE•Dans « Ouvert la nuit », l’acteur joue avec son image et fait visiter un Paris méconnu et contrasté…Caroline Vié
Info ou intox ? Edouard Baer s’amuse avec son image de dandy dans Ouvert la nuit, sa troisième réalisation après La Bostella (1999) et Akoibon (2005). Il s’y est mitonné un rôle délicieux de directeur de théâtre parisien perdu pendant une nuit de folie dans la capitale.
« Luigi, mon personnage, ce n’est pas moi, confie Edouard Baer à 20 Minutes. Mais j’aime bien entretenir l’ambiguïté à ce sujet. » Il est pourtant impossible de ne pas associer l’image de ce charmeur dilettante épaulé par deux femmes fortes, Audrey Tautou et Sabrina Ouazani, à la personnalité de l’acteur-réalisateur qui a coécrit cette comédie avec Benoît Graffin.
Trouver un singe à Paris
« Tout est venu de l’idée de chercher un singe en pleine nuit, explique Baer. Je trouvais ça drôle de montrer un type couvert d’ennuis qui se réfugie derrière cette préoccupation absurde devenant essentielle pour lui. » Criblé de dettes, persécuté par un metteur en scène japonais glaçant et lâché par son acteur (Michel Galabru dans son dernier rôle), le héros choisit la fuite en avant.
« J’ai pensé aux comédies italiennes qui masquaient leur gravité sous un humour féroce ou poétique », insiste Edouard Baer. Le spectateur le suit dans sa promenade nocturne qui révèle des coins de Paris attachants et méconnus : bars aux comptoirs accueillants ou cette cité où le régisseur grognon (craquant Grégory Gabebois) vit avec des amis africains. « J’ai voulu montrer une France contrastée », déclare le cinéaste.
Des rencontres inattendues
Si une grande partie du film repose sur la personnalité d’Edouard Baer, ce dernier sait s’effacer devant des seconds couteaux savoureux comme un dresseur violent, une érotomane collante et un assistant envahissant. « Tous correspondent à des gens que j’ai pu croiser ou à des anecdotes qu’on m’a racontées. Je les ai réunis dans une seule histoire. »
Cette série de rencontres, tour à tour drôles et poignantes, permet de brosser, dans la tradition d’un cinéma français aux dialogues ciselés, le portrait d’un homme enfantin que sa mauvaise foi chronique rend attachant. « Ouvert la nuit est aussi un hommage aux femmes car le héros ne serait rien sans celles qui l’entourent », martèle Edouard Baer qui use à la fois d’un humour léger et de gravité pour communiquer son amour de la nuit parisienne.