«Vaiana»: «Une vraie Tahitienne dont elle a l’indépendance et le caractère bien trempé»
ANIMATION•John Musker et Ron Clements, les réalisateurs de « La petite sirène », ont mis un point d’honneur à respecter les coutumes de Tahiti pour le merveilleux « Vaiana »…De notre envoyée spéciale à Tahiti, Caroline Vié
John Musker et Ron Clements ont encore frappé ! Les réalisateurs de La petite sirène (1990), Aladdin (1992) et La princesse et la grenouille (2010) sont toujours au top pour Vaiana, la légende du bout du monde, l’histoire d’une jeune Polynésienne prête à tout pour sauver son peuple menacé par une catastrophe écologique.
« Nous avons été comme habités par l’âme de Tahiti, avoue Ron Clements à 20 Minutes. Notre rencontre avec ces îles et leurs habitants a été fondatrice du récit. » Le duo a tenu à faire partager son coup de cœur au spectateur qui tombe sous le charme de ces îles paradisiaques et d’une héroïne dynamique.
Une héroïne tahitienne à 300 %
Vaiana prend la mer afin d’aller chercher Maui, demi-dieu aussi grande gueule que couard, pour le convaincre de venir au secours des siens. « Elle se conduit comme une vraie Tahitienne dont elle a l’indépendance et le caractère bien trempé », insiste Clements. L’une de leurs influences a été Hinano Murphy, présidente du centre culturel Te Pu 'Atiti’a de Moorea. « Son association se bat pour préserver la culture locale et elle nous a conseillés pour que nous restions fidèles dans sa représentation », explique Ron Clements.
Le sens du détail
Costumes, danses, temple et même four traditionnel sont reproduits avec un luxe de détails étonnants. Même des éléments comiques comme les tatouages animés de Maui s’inspirent de véritables dessins. « Chacun de nos tatouages fait référence à un élément capital de nos vies, explique Teual, guide qui leur a fait découvrir les beautés cachées et les temples (« marae ») de Papeete avec l’organisation Ia Orana na Tahiti. Ici nous gardons nos traditions bien vivantes et c’est pour cela qu’un film comme Vaiana est si important : il les fait connaître au monde entier et donnera peut-être envie de venir nous rendre visite. »
L’océan, ce héros
L’eau seconde l’héroïne. Elle est même capable d’exprimer des sentiments, de marquer son approbation ou d’enfermer un volatile exaspérant dans un panier. « Il s’agissait de notre plus grand défi mais les Tahitiens ont tant insisté sur l’importance de la mer dans leurs vies qu’il nous semblait impossible de ne pas mettre en valeur cet élément capital. » Des associations comme Faafaite iTe Ao Maohi qui récrée des pirogues telles qu’en usent Vaiana et les explorateurs du film ont aussi aidé les animateurs dans leur art.
Une faune menacée
La faune est montrée de façon tout aussi remarquable notamment avec les raies et les tortues que croise l’héroïne à plusieurs reprises. « Nous aimerions que le film contribue à faire protéger ces animaux qui sont trop souvent la proie de pêcheurs », déclare Ron Clements. Malgré l’action d’associations comme Te Mana o te moana qui les soigne et les rend à la vie sauvage, ces dernières sont encore convoitées pour leur chair. « Au fil de nos visites sur place, Vaiana est devenu plus qu’un film pour nous, insiste John Musker. Nous avons compris l’importance de préserver ces lieux magiques pour les générations futures. »
Une passion communicative
Les studios Disney France ont partagé la passion de leurs réalisateurs. Soutenus par Air Tahiti Nui, ils ont envoyé la jeune Cerise Calixte (qui prête sa voix à Vaiana en français) découvrir les îles en compagne de Mareva Galanter (qui double la mère de l’héroïne).
« En tant que Tahitienne, je suis heureuse qu’une œuvre familiale de cette qualité donne un rayonnement international à mon pays », insiste cette dernière. Il est certain que ce film enchanteur donne envie de filer toutes affaires cessantes vers Tahiti.