DRAME«La fille inconnue» remontée et sauvée par les frères Dardenne

Luc Dardenne: «On n'a trouvé "La fille inconnue" qu'après avoir remonté le film»

DRAMELes frères Dardenne ont remonté la « La fille inconnue » après son mauvais accueil à Cannes. Et c’est une réussite…
Caroline Vié

Caroline Vié

A , des a connu un accueil assez glacial. Humblement, les réalisateurs ont remonté leur film pour lui donner un nouveau souffle. Et on est conquis !

On sonne à la porte mais la jeune doctoresse que campe refuse d’ouvrir la porte de son cabinet, car l’heure des consultations est passée. Elle ignore alors que la femme qui voulait consulter sera retrouvée morte peu de temps après.

Cannes, un univers impitoyable

Lauréats de deux Palme d’or pour (2005) et (1999), Jean-Pierre et Luc Dardenne reconnaissent que La fille inconnue n’a pas reçu le même torrent d’amour que leurs précédents personnages. « On s’est bien rendu compte que ça ne se passait pas bien et on l’a pris avec philosophie », confie Jean-Pierre à 20 Minutes.

« Les gens en ont peut-être assez de nous », complète Luc. Les frères ont donc décidé de se remettre au travail et de changer le montage de leur film. « Nous n’avons pas retourné de plans, mais nous avons dynamisé l’ensemble. » En tout, ont disparu depuis Cannes.

Se recentrer sur l’intrigue

« Nous avons choisi de plonger plus profondément dans la tête de notre héroïne en décrivant moins son travail de médecin », précise Luc. La fille inconnue y gagne en rythme car le spectateur est plus vite confronté à sa culpabilité.

« On n’a trouvé le film qu’après l’avoir remonté, reconnaît Jean-Pierre. Le cinéma n’est pas une science exacte. On tâtonne beaucoup avant de parvenir à un résultat satisfaisant. » L’introspection bouleversante de la jeune femme fait penser à du quand on la voit mener l’enquête pour identifier une victime qui n’a pas de nom.

A la fois innocents et coupables

« En resserrant le film, on a davantage insisté sur le côté pugnace d’un personnage qui n’hésite pas à se rendre totalement impopulaire dans sa quête de vérité », dit Jean-Pierre. La doctoresse est prête à se mettre en danger professionnellement et personnellement pour obtenir des réponses.

« Elle a quelque chose d’agaçant, car elle oblige les gens à révéler des choses peu reluisantes sur leur comportement. Seule une personne a tué, mais tous sont un peu responsables de la situation », précise Jean-Pierre. Ce polar social à l’atmosphère pesante mérite plus que largement de connaître une belle carrière et prouve que les Dardenne sont toujours de grands cinéastes humanistes.