«Where to invade next»: Pourquoi il ne faut pas prendre Michael Moore (trop) au sérieux
DOCUMENTAIRE•Quelles bonnes idées piquer à l’étranger pour faire progresser les Etats-Unis ? C’est la question que s’est posée Michael Moore pour réaliser « Where to invade next »…De notre envoyée spéciale à Deauville, Caroline Vié
(« Quel est le prochain pays à envahir ») part d’une idée amusante : , drapeau américain sous le bras, part à l’assaut de diverses nations afin de leur piquer de bonnes idées à adopter aux Etats-Unis.
Italie, France, Slovénie, Allemagne, Suède et Tunisie font partie des contrées que le réalisateur de (2002) et (2004) explore pour les comparer à son pays. Ce film présenté au Festival de Deauville provoque et séduit… à condition de ne pas le prendre trop au sérieux.
Michael Moore n’est pas objectif
« Je cueille les fleurs plutôt que les mauvaises herbes » déclare le cinéaste dont le film est principalement destiné à ses concitoyens. Le problème, c’est que Michael Moore ne montre jamais que ce qui l’arrange et omet soigneusement de décrire la situation générale des pays qu’il visite.
Quand il se fait servir un repas de gourmet dans une cantine scolaire française dont les enfants prétendent ne jamais avoir bu de Coca-Cola, de sérieux doutes saisissent le spectateur. Et si Michael Moore était un propagandiste ne pointant du doigt que les exemples qui servent sa démonstration ? L’établissement qu’il visite est une exception qui ne correspond à aucune généralité.
Michael Moore est moqueur
Plus qu’un journaliste, Michael Moore est un « showman », présentateur qui se met en scène en faux Candide, de préférence à son avantage. Ses réactions face à un couple d’Italiens qui lui parle de congés payés entre autres avantages sociaux font sourire bien qu’il considère ouvertement ses protagonistes comme des feignants.
On se sent nettement moins à l’aise quand il questionne le père d’une victime des en Norvège et s’étonne lourdement de l’absence de sentiments revanchards de son interlocuteur. Si Moore défend des idées honorables (abolition de la peine de mort, contrôle des armes), son manque d’empathie torpille son propos.
Michael Moore compare l’incomparable
Where to invade next témoigne de la maîtrise du montage de Michael Moore qui se montre d’une efficacité redoutable quand il compare les prises de vue une prison modèle suédoise aux images de violence de gardiens américains sur leurs détenus. Ou lorsqu’il fait de magnifiques gros plans de femmes pour signifier à quel point le monde serait meilleur si les dames occupaient des postes clés.
Ce clin d’œil à Hillary Clinton, qu’il ne cite pas dans le film, conclut son long-métrage sans pour autant convaincre de ses arguments. Where to invade next ressemble à son auteur. Attachant, amusant et agaçant, ce film tient davantage du divertissement que du document.