RENCONTREFestival du cinéma chinois en France: «Qu’on le veuille ou non, notre avenir est là-bas»

Festival du cinéma chinois en France: «Qu’on le veuille ou non, notre avenir est là-bas»

RENCONTRELa réalisatrice Anne Fontaine est la marraine du festival du cinéma chinois, tandis que son frère, l’acteur Jean-Chrétien Sibertin-Blanc, en est le délégué général…
Stéphane Leblanc

Stéphane Leblanc

Les plus jeunes ne s’en souviennent peut-être pas, mais il y a tout juste dix-huit ans, la cinéaste Anne Fontaine réalisait Augustin roi du kung-fu. Une comédie déjantée des années 1990, qui faisait suite à un premier Augustin, incarné à chaque fois par son frère, l’acteur Jean-Chrétien Sibertin-Blanc.

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On y voyait un mauvais figurant de cinéma prénommé Augustin, déménager dans le quartier chinois de Paris pour apprendre le kung-fu, tomber sous le charme de Maggie Cheung et se retrouver à Pékin… « On est allé là-bas et on a eu un coup de foudre, reconnaît Anne Fontaine. Avoir accepté d’être la marraine d’un festival de cinéma chinois est une façon d’alimenter mon goût pour l’Asie. »

Tourné en Chine, présenté aux Oscars

« Cette expérience était prémonitoire et m’a beaucoup transformé : moi qui étais plutôt rebelle, j’ai trouvé en Chine une forme d’harmonie », raconte de son côté Jean-Chrétien Sibertin-Blanc. Qui ajoute, sur le ton de la plaisanterie : « J’ai même trouvé une forme d’harmonie avec ma soeur… »

En Chine, l'acteur y est resté « oh, beaucoup trop peu de temps », dit-il, mais quand même de nombreux mois, de nombreuses fois, au point d'être nommé, dès sa création, délégué général d’un festival qui fête cette année sa sixième édition. « C’est une manifestation organisée officiellement par la République populaire de Chine, reconnaît le comédien. Mais ce pays possède bien des atouts pour qui veut percer dans le cinéma. » Philippe Muyl ne dira pas le contraire : le réalisateur français s’est retrouvé aux oscars en 2015 avec son dernier film coproduit par la Chine, Le promeneur d’oiseau.


Le public chinois est jeune, mais de plus en plus exigeant. Il est accueilli dans un parc immense de salles qui fait rêver. « Qu’on tisse des liens pour permettre à des films français d’être vus là-bas, c’est quand même important », martèle Anne Fontaine. Ajoutez à cela des moyens conséquents, des échanges de compétences et des accords de coproductions et il y a tout lieu de penser que la Chine pourrait être, sinon le nouvel Hollywood, du moins avoir un rôle important à jouer dans le cinéma. « Qu’on le veuille ou non, notre avenir est là-bas », insiste Jean-Chrétien Sibertin-Blanc.

Discussions sans fin

« On a des approches de travail souvent différentes, relève le comédien. Par exemple, les Chinois n’ont pas le même rapport au temps que nous… » « Ah oui, renchérit Anne Fontaine. Je me souviens de discussions sans fins avant de prendre la moindre décision. » Les tracas administratifs ? La censure ? « Les scénarios sont lus avant d’être tournés, reconnaît Jean-Chrétien Sibertin-Blanc, mais il n’y a pas de commission de classification des films : on estime qu’une fois l’autorisation donnée, le film pourra être vu par tous… »

Y compris les films de Jia Zhang-ke, pourtant réputés critiques vis-à-vis de la société chinoise ? « Absolument, il fait partie des cinéastes considérés comme officiels, réplique le comédien. Son problème, c’est que ses films n’ont pas de public en Chine… »

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Au contraire des succès populaires programmés au Festival du cinéma chinois en France. Cette vitrine mêle films d’auteurs et blockbusters, comédies, drames, films d’action ou dessins animés. « On note une volonté de s’ouvrir davantage, relève avec satisfaction Anne Fontaine. Les films peinent encore à s’exporter mais ils ont de plus en plus de potentiel pour le faire. » « De toute façon, les Chinois n’ont pas du tout l’esprit impérialiste, souligne Jean-Chrétien Sibertin-Blanc. Au contraire de nous, qui aimons bien exporter nos valeurs. » A l’écouter, les Chinois sont « plus respectueux des autres cultures » et en ce sens, « moins arrogants que les Français ».

Comme tout bon festival, celui-ci a ses têtes d’affiches invitées : Isabelle Huppert côté français, Michelle Yeoh et Donnie Yen, qui incarnent les rôles principaux de Tigre et Dragon 2, côté chinois.

La suite du film de Ang Lee, réalisé par le maître chorégraphe Yuen Woo-Ping, est présentée ce jeudi soir en ouverture.

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A ce sujet, question cruciale : du frère ou de la soeur, lequel est plutôt tigre, lequel est plutôt dragon ? « Je suis tigre, rugit Anne Fontaine. C’est un animal propice à l’action, qui prend des décisions rapides, sans tergiverser, comme un metteur en scène. » « Moi je suis plutôt dragon, réplique Jean-Chrétien Sibertin-Blanc. C’est un animal imaginaire, ce qui me correspond bien, et un animal typiquement chinois. »