Franck Dubosc: «Je deviens Patrick Chirac dès que j'enfile mon slip bleu»
INTERVIEW•Acteur et coscénariste de « Camping 3 », Franck Dubosc reprend son rôle de séducteur des plages entouré des « habitués » de la saga mais aussi de jeunes acteurs…Caroline Vié
Les temps sont durs pour Patrick Chirac (alias Franck Dubosc). Relégué près des toilettes dans Camping 3 de Fabien Onteniente, il souffre du silence de sa fille adolescente, voit son ami Jacky (Claude Brasseur) perdre complètement la boule et son pote Paulo (Antoine Duléry), désormais divorcé, se demander s’il n’est pas devenu gay. Une bande de jeunes qui squatte sa tente risque également de bien lui pourrir ses vacances… L’acteur et coscénariste Franck Dubosc évoque, pour 20 Minutes, l’évolution de la saga.
Qu’est-ce qui vous a motivé à écrire ce troisième volet ?
Ça nous titillait depuis un moment. On avait à la fois envie de retrouver les copains et peur d’être soupçonnés de rechercher un succès facile… Quand Kev Adams nous a encouragés à le faire en y ajoutant des jeunes, c’était la preuve que Camping n’intéressait pas que les vieux de notre âge !
Aviez-vous une appréhension à vous lancer de nouveau ?
L’acteur que je suis n’avait pas trop envie de le faire si le scénario n’était pas bon. Avec Fabien Onteniente, sur le script, nous avons repensé à la formule de Frank Capra : « Il faut surprendre les gens avec ce qu’ils attendent. » Ce que je résume par : « Le public veut à la fois pareil et pas pareil. » Là, nous avons joué sur l’âge des personnages. Patrick souffre de l’absence de sa fille et c’est un souci que tout le monde peut comprendre.
Les vannes sur les homosexuels ou les handicapés, tout le monde peut les comprendre ?
C’est politiquement incorrect, mais nous pouvions nous le permettre parce que le public connaît les héros du film. Si un personnage inconnu emploie le mot « pédé », on peut penser qu’il est homophobe. Chez Patrick, on sait que ce n’est pas le cas. C’est sa façon de parler, dépourvue de malveillance. On n’a pas voulu lui faire perdre son naturel en changeant sa façon de s’exprimer.
Il y a des choses que vous vous êtes interdites ?
Les blagues sur la religion : c’est un sujet trop délicat de nos jours… Pour le reste, on évite juste d’être méchants, tout en sachant qu’il est impossible de faire de l’humour sans risquer de faire mal à quelqu’un. Pourtant, les gens concernés sont souvent plus prêts à rire d’eux-mêmes que les bien-pensants. Ce ne sont pas les campeurs qui ont trouvé le premier Camping condescendant mais ceux qui s’estimaient supérieurs à eux.
Regrettez-vous vos propos après la présentation du film au Marrakech du rire ?
Je ne veux plus commenter cette affaire, j’estime que ça a assez fait de bruit comme ça.
Comment est né le rôle de beauf raciste et parvenu de Gérard Jugnot ?
Nous lui avons demandé de retrouver son côté franchouillard et gueulard du Splendid. Son personnage incarne une autre forme de beauferie que celle de Patrick. L’un est d’Arcachon, l’autre du Cap Ferret plus chic. Ces scènes étaient difficiles pour moi. J’avais parfois du mal à me situer, peut-être parce que je n’étais pas en maillot de bain…
Le slip de Patrick Chirac est important pour vous ?
L’habit fait le moine ! Je deviens Patrick Chirac dès que j’enfile mon slip bleu. A la fin de l’écriture, on m’a apporté le costume. J’étais un peu inquiet : dix ans ont passé depuis le premier Camping ! Mais quand je suis sorti des toilettes en lançant : « Alors on n’attend pas Patrick ? », le regard de Fabien Onteniente s’est éclairé. C’était gagné.
Vous avez vu le grand détournement sur "Camping" ?
Oui, bien sûr. Il y en a un sur Titanic et l’autre sur Columbo. C’est incroyable ce qu’ils ont fait ! J’adore et je suis bluffé par la qualité des films. C’est aussi une consécration. Cela prouve que Camping a marqué les gens. Patrick est un clown, un personnage en plastique. C’est pour ça qu’il plaît aux enfants, un peu comme Martine à la plage.
A quand un « Camping 4 » ?
On a déjà quelques idées, mais rien n’est sûr. J’aime que les gens rient avec nous de nos personnages, mais pas de nous en tant qu’acteurs. On a vu des sagas à succès - je ne citerais personne - tourner au ridicule. Il faut éviter de devenir pathétiques.