VIDEO. Mort d'Anton Yelchin: Il n'était pas que l'acteur de «Star Trek»
CINEMA•Connu pour son rôle (secondaire) dans «Star Trek», Anton Yelchin était aussi et surtout un talent incontournable du cinéma indépendant et des films de genre...V. J.
A l’annonce de sa mort dans un terrible et bête accident, Anton Yelchin a été présenté par la majorité des médias - et par 20 Minutes - comme « l’acteur de Star Trek » en référence à son personnage de Chekov, membre de l’équipage de l’Enterptrise aux côtés du Capitaine Kirk et de Spock, dans les nouveaux films réalisés par J.J. Abrams. Une bonne manière de resituer rapidement le jeune homme, mais un choix réducteur pour ce comédien aux plus de 50 films et séries à seulement 27 ans.
« Il est très beau, il sera acteur »
Né en 1989 à Saint Petersbourg alors que la ville s’appelait encore Leningrad et que la Russie faisait partie de l’Union soviétique, Anton Yelchin est le fils de deux parents stars du patinage artistique. A peine six mois après sa naissance, ils obtiennent le statut de réfugiés et partent pour les Etats-Unis. Là, une femme voit Anton et dit « Il est très beau, il sera acteur ». Tout simplement.
Début des années 2000, le garçon n’a que 10 ans mais sa petite bouille et ses cheveux bouclés squattent déjà le petit écran (Urgences, The Practice, New York Police Blues) et grand (Delivering Milo, Le Masque de l’araignée, 15 Minutes), remportant même le bien nommé Young Artist Award pour Coeurs perdus en Atlantide avec Anthony Hopkins.
Mais la révélation pour le public, et surtout pour le métier, vient avec Alpha Dog, un thriller générationnel où il joue la victime d’un enlèvement (inspiré d’une histoire vraie) et vole la vedette à ses partenaires : Emile Hirsch, Justin Timberlake, Olivia Wilde, Bruce Willis ou Sharon Stone. Excusez du peu.
Le cinéma indé à la folie
Si Anton Yelchin avait mis un pied à Hollywood en 2009 avec Star Trek mais aussi la franchise Terminator, l’acteur était surtout fidèle au cinéma américain indépendant, qu’il tienne le haut de l’affiche (Le Prince de Greenwich Village et Charlie Bartlett sortis directement en DVD) ou « seulement » un second rôle (Le Complexe du castor de Jodie Foster et Only Lovers Left Alive de Jim Jarmush).
Deux films rendent particulièrement bien compte de l’étendue de son talent, deux rôles à l’extrême opposé du spectre de l'« Actor’s Studio ». Dans A la folie, primé à Sundance en 2011 et longtemps inédit chez nous, l’acteur interprète un Américain amoureux d’une étudiante anglaise (Felicity Jones), que l’expiration de son visa renvoie sans prévenir outre-Atlantique. Le film raconte leur relation à distance, au long cours, entre retrouvailles et séparations, crises d’euphorie et retours à la réalité. Anton y est phénoménal. Un qualificatif qui convient également à sa performance dans le récent Green Room : chanteur punk versus skinheads néo-nazis. Tout est dit, mais il faut le voir pour le croire.
a« Vulnérabilité tragique et intensité physique »
Son réalisateurJeremy Saulnier était d’ailleurs parmi les premiers à lui rendre hommage. « Je lui ai mis beaucoup de pression sur les épaules en lui demandant de jouer le rôle principal, mais il s’est acquitté de la tâche comme un champion, confie-t-il à IndieWire. Non seulement il a apporté ce délicat équilibre entre vulnérabilité tragique et intensité physique à l’écran, mais il s’est toujours montré généreux et patient en coulisses. Dans une industrie obsédée par les tableaux Excel et les ventes internationales, Anton rappelait qu’il n’y avait rien de plus important que les "good people", les gens bien. » Un sentiment partagé par tous ceux avec qui il avait travaillé et qui explique que sa disparition ait autant ému l’Amérique.
Les rats de vidéoclub - enfin de VOD aujourd’hui - auront aussi pu se rendre compte de son amour pour les films de genre, avec les séries B (mais pas Z) Vampire, vous avez dit vampire ?, Odd Thomas contre les créatures de l’ombre et Burying the ex. Il s’était même amusé à jouer dans un film japonais, Memoir of Teenage Amnesiac. Tous les spectateurs pourront le retrouver dès le 17 août prochain dans Star Trek 3 : Beyond. « Au-delà… » Joli titre.