Karl Zéro vous aide à repérer un film culte
FESTIVAL•Le premier Festival international du film culte lancé par Karl Zéro débarque à Trouville du 16 au 19 juin. Mais le culte, c’est quoi ?Claire Barrois
Il refuse qu’on lui colle une étiquette « culte » dessus - acceptant, au mieux, celle de « culte vintage, qui n’a rien à voir avec le cinéma » -, mais Karl Zéro, ex-présentateur farfelu du « Vrai Journal » sur Canal +, compte estampiller de ce terme les films emblématiques de 2016. Selon quels critères ont été sélectionnés les sept films sélectionnés pour cette première édition du Festival international du film culte ? « L’audace, le ton, quelque chose d’innovant », qui permettent aux films en question de se démarquer des autres, commente le principal intéressé.
D’accord, mais comment devine-t-on qu’un film sera culte ? « Par exemple, en 1992, j’ai vu C’est arrivé près de chez vous au festival de Cannes, se souvient Karl Zéro. A la sortie de la projection, c’était évident que c’était culte parce qu’il ne ressemblait à rien de ce que nous avions pu voir jusque-là. Nous avons choisi nos films dans cet esprit-là. » Résultat, la sélection est composée d’évidences qui ont fait l’unanimité et de films qui ont suscité le débat parmi les organisateurs du festival.
Du culte « percutant »
« Pour nous, un film culte est charismatique, il a un langage cinématographique percutant, estime Anaïs Tellenne, programmatrice du festival et fille de Karl Zéro. Nous avons choisi les sept films de la sélection pour leurs univers inventifs, leurs points de vue innovants, le charme d’un détail, d’un rien, voire d’un défaut. » Car certains des films les plus cultes doivent leur célébrité au fait que ce sont des nanars. Mais difficile de sélectionner les futurs films cultes en opposant à leur réalisateur que c’est parce qu’ils sont mauvais…
Les films cultes de 2016 seront donc de bons films. « Par exemple, il était essentiel pour nous de faire ressortir Toni Erdmann de Maren Ade qui nous a beaucoup marqués au festival de Cannes et qui n’a pas du tout été distingué », explique Karl Zéro. Willy 1er, de Marielle Gautier, Zoran et Ludovic Boukherma, et Hugo P. Thomas, tous jeunes réalisateurs, fait aussi partie des chouchous : « Willy 1er est un personnage qui a le monde entier contre lui et nous emmerde, s’amuse Anaïs Tellenne. Ce film est une ode au courage qui illustre la poésie du quotidien par des détails. »
Du culte à tous les étages
La sélection des sept films potentiellement cultes de 2016 propose une réflexion sur le monde dans lequel nous vivons avec Toni Erdmann et Willy 1er, bien sûr, mais aussi Apnée (Jean-Christophe Meurisse), Je me tue à le dire (Xavier Seron), Albüm (Can Mertoglu), Journal d’un photographe de mariage (Nadav Lapid) et Wonderland, l’œuvre chorale de dix réalisateurs suisses sur leur pays. « Une sorte de mal-être, une crise profonde de la société ressort comme thèse des films en compétition, remarque Anaïs Tellenne. Aussi noir que soit le tableau, il y a chez tous ces réalisateurs une volonté, une poésie, un engagement pour avancer. »
Un jury (évidemment culte, lui aussi) présidé par Jean-Pierre Marielle et composé d’Arielle Dombasle, Joey Starr, Laurent Baffie, Sylvain Chomet, Olivier Van Hoofstadt et Jacques Séguéla déterminera laquelle de ces œuvres représentera 2016 dans les années à venir. « C’est un jury de gens cultes qui ne se tiennent pas forcément bien, plaisante Karl Zéro. Je n’ai pas envie d’organiser un événement policé, je préfère un festival qui ressemble à la vie, bon enfant avec une réelle proximité avec le public. » Et tant mieux, parce que le cinéma de 300 places dans le casino de Trouville s’y prête.
Le culte, c’est aussi ce qui l’est déjà devenu. Et c’est là qu’intervient la rétrospective, proposant sept films présentés par l’un de ses acteurs ou son réalisateur. Le vainqueur élu par les internautes, qui recevra donc le Grand prix du public du film culte vintage, est, sans surprise, Les Tontons flingueurs, qui seront présentés par Venantino Venantini. Seront également projetés six autres films, dont l’inévitable Père Noël est une ordure, présenté par Marie-Anne Chazel ou encore Dikkenek, présenté par son réalisateur…
Le culte prémunit du bide
« Même si le festival était un bide absolu, il serait culte, assure Karl Zéro. Par exemple, Les Tontons flingueurs ont été un échec total à leur sortie, et quand on voit la destinée du film, ça fait plutôt envie. Le choix des invités et le mélange des genres dans la sélection des films font que le festival ne peut être qu’un succès. » Imaginé il y a cinq mois par Karl Zéro, le festival a profité du réseau de son papa et s’en sort bien pour une première édition : invités et programmation lui assurent une certaine aura.
Trouville ? Ville culte. Barbie ? Jouet culte qui fait l’objet d’une exposition. Harcourt ? Des photos cultes évidemment, avec une cabine photo de luxe signée H comme Harcourt qui vous permettra de repartir avec votre portrait… Le festival s’entoure de tout ce qu’il y a de plus culte pour marquer les esprits et faire de cette édition la première d’une longue série. De quoi satisfaire tous les amateurs de culte !