Dans Tous les chats sont gris, Bouli Lanners incarne un détective privé qui n’a pas grand-chose à voir avec ceux des romans noirs américains. Ce quinquagénaire solitaire aide une adolescente en crise à retrouver son père biologique, une enquête qui l’oblige à replonger dans son propre passé. Le spectateur y découvre une réalisatrice prometteuse, Savina Dellicour, et une actrice en herbe épatante, Manon Capelle.

Détective et papa

« Je ne suis pas père moi-même, explique le comédien à 20 Minutes. Mais, comme mon personnage, je suis parvenu à l’âge où on fait le point sur sa vie et où on réfléchit à ce qu’on a fait ou pas. » Parmi ses faits récents, le comédien peut ajouter le prix de la mise en scène qu’il a reçu au Festival de Cabourg pour l’excellent Les premiers, les derniers (qui vient de sortir en vidéo chez Wild Side). Quant à Tous les chats sont gris, ce polar existentiel lui a permis de s’initier au métier de détective privé. « Contrairement à ce qu’on pourrait imaginer, ce n’est pas un boulot reluisant. Ceux que j’ai rencontrés s’occupent surtout d’affaires d’adultère et voient ce qu’il y a de plus moche dans les affaires de couples. »

Savina Dellicour montre bien le côté sordide de la profession quand son héros se fait prendre à partie par un témoin. « Ils passent des heures dans des voitures sans même pouvoir sortir pour pisser et possèdent un matériel électronique de pointe. Tout ça, non pour servir une cause noble, mais pour espionner leurs prochains », insiste Lanners. Son personnage s’humanise au fil d’une histoire qui ne le ménage pas.

Changer de registre

L’acteur a retravaillé la personnalité du héros avec la réalisatrice afin qu’il lui corresponde davantage. « A l’origine, il était plus strict. Je l’ai rendu proche de ce que je suis dans la vie : un nounours un peu rock’n’roll. » Ce rôle de bourru au grand cœur colle à la peau de Bouli Lanners qui en a fait sa spécialité. « J’en ai assez, avoue-t-il. J’ai envie de changer. Dans mes deux prochains films, je jouerai une ordure de gangster et un veuf homosexuel. »

Bouli compte aussi consacrer du temps à un projet personnel qui lui tient à cœur : produire son propre whisky. « J’ai commandé une barrique de deux cents litres dans une distillerie écossaise. Je vais mettre l’alcool dans des tonneaux puis en bouteilles que j’offrirai à mes amis. » S’il lui faudra attendre au moins trois ans pour déguster ce nectar, le public peut au moins découvrir Tous les chats sont gris dès à présent !