INTERVIEWOlivier Assayas: «Kristen Stewart a plus d'expérience que moi»

Festival de Cannes: «Kristen Stewart a plus d'expérience que moi», estime Olivier Assayas

INTERVIEWOlivier Assayas explique comment réussir un film de fantôme avec Kristen Stewart...
Stéphane Leblanc

Stéphane Leblanc

On pense que c’est un film sur le milieu de la mode, à cause de son titre Personal shopper. Et puis non, c’est en réalité l’histoire d’un deuil qui se transforme en histoire de fantôme. Un film fantastique et même un thriller…

Dites-donc Olivier Assayas, on a le sentiment que vous avez essayé d’égarer votre héroïne tout autant que le spectateur.

Le spectateur, non (rire) ! Mon héroïne, d’avantage… Au début du film, on la trouve amputée de la moitié d’elle-même : son jumeau est mort, il lui faut se reconstruire et pour ce faire, mener une enquête afin de pacifier le passé. Elle va le faire à sa manière, à tâtons, en utilisant un secret qu’elle avait en commun avec son frère, une foi enfantine dans la possibilité de communiquer avec l’au-delà.

C’est un film de fantôme, comme il en existe d’autres. Vous êtes-vous inspiré de tels films ?

Non, c’est la leçon que je tire de l’histoire du cinéma : plutôt que d’aller chercher des idées dans d’autres films, il vaut mieux puiser ses références dans la réalité. La réalité du monde du spiritisme, par exemple, c’est la littérature de la fin du XIXe siècle qui prenait ces questions très au sérieux : la poésie symboliste ou Victor Hugo qui dialoguait avec les fantômes.

Y croire, c’est un des secrets d’un film de fantômes réussi ?

Oui. Il faut se mettre dans la peau des personnages et essayer d’y croire un peu soi-même. Comme le font les acteurs. Demandez-moi si je crois aux fantômes, la réponse est non. Mais quand j’écris l’histoire ou que je tourne le film, alors là, oui. Je suis avec les personnages, j’y crois. J’ai absolument besoin d’y croire.

Vaut-il mieux que le fantôme soit bienveillant ou malveillant ?

Bienveillant (rire) ! Mais les esprits méchants peuvent aussi être intéressants…

Bienveillant, comme Kristen Stewart ? En deux films avec elle, elle a fait évoluer votre cinéma…

C’est vrai ! Quand on est cinéaste, on tourne deux mois par an ou tous les deux ans. Une actrice comme Kristen Stewart, qui tourne depuis qu’elle est enfant quasiment 365 jours par an, a finalement plus d’expérience que moi. Pas du cinéma lui-même, mais de sa pratique qui sert son côté instinctif. Et moi, je me sers à mon tour de cette énergie, de cette présence, de cette manière de bouger ou de se retourner au bon moment, d’aimanter toujours le regard du spectateur. Je l’admire vraiment : elle a un don rare.

Dans quel état étiez-vous en apprenant que la projection de presse de « Personal shopper » avait reçu un accueil houleux mardi soir ?

Cela fait partie du folklore de Cannes : quand on est en compétition, on sait que ça va être violent, ça va tirer dans tous les coins. Je ne vais pas vous dire que j'y suis indifférent, mais je l’ai trop vécu pour que ça m’impressionne beaucoup.

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