«Hana et Alice mènent l’enquête»: 150 dessinateur amateurs ont participé à la réussite du film
JAPON•Entre chronique adolescente et polar, ce film atypique et fauché se fraye une place de choix dans l’animation japonaise…Caroline Vié
Deux adolescentes copinent autour de la disparition de l’un de leurs camarades dans Alice et Hana mènent l’enquête de Shunji Iwai. Cette belle chronique animée entre description des années lycées et polar séduit par son originalité comme par son esthétique atypique. « Il s’agit d’une préquelle de mon film Hana et Alice, réalisé en prises de vues réelles en 2004 », confie le réalisateur à 20 Minutes.
La rotoscopie, économique et réaliste
Iwai a pensé au American pop (1980) de Ralph Bakshi avant d’adopter, la rotoscopie, cette technique consistant à redessiner sur la performance d’acteurs préalablement filmés en live. « Mes raisons étaient à la fois économiques et esthétiques. Cela permettait d’obtenir le réalisme que je souhaitais et coûtait moins cher que du dessin animé traditionnel », explique le réalisateur. Des décors proches de la photographie et des personnages aux mouvements incroyablement naturels favorisent l’identification du spectateur pour des personnages attachants.
Des amateurs à la manœuvre
Pour concrétiser sa vision, Shunji Iwai a puisé sur des sites internet de dessinateurs amateurs « Il y en a de très doués qui sont obligés de garder des petits boulots alimentaires et qui rêvent de percer dans l’animation », dit-il. Chacun recevait un cahier des charges très précis et travaillait à distance sans jamais rencontrer ses collègues ni le réalisateur. « Je n’ai pas la moindre idée de qui ils sont dans la vie : je ne connais que leurs dessins, » précise le cinéaste. Cinq chefs opérateurs étaient chargés d’homogénéiser la production des artistes.
Reconnu par ses pairs
Le scénario sensible n’est pas pour rien dans le succès d’Hana et Alice mènent l’enquête. « J’ai réalisé ce film pour parler de la jeunesse japonaise actuelle mais je pense qu’il peut toucher le public du monde entier. » La plus grande fierté du cinéaste est cependant d’avoir cloué le bec aux sceptiques qui refusaient de financer son projet. « J’ai dû inventer ce système de production pour exister envers et contre tous mais j’ai gagné. A la première, même Toshio Suzuki est venu me féliciter. » Quand on connaît la dent dure du producteur du mythique studio Ghibli, on comprend pourquoi Shunji Iwai a été flatté par ses compliments.