Pour sa septième édition, la Queer Palm a fait appel à Olivier Ducastel et Jacques Martineau, qui en furent les premiers parrains, pour présider le jury. Les réalisateurs de l’excellent Théo et Hugo dans le même bateau ont confié à 20 Minutes leurs vues sur ce prix qui a imposé progressivement sa singularité. « Ce qu’on a trouvé passionnant, c’est ce prix offre un regard transversal sur toutes les sections du Festival de Cannes », précise Olivier Ducastel.

«Un film hétérosexuel peut faire partie de la sélection»

Des œuvres comme L’inconnu du lac (2013), Pride (2014) ou Carol (2015) ont obtenu les prix des éditions précédentes. « La notion de Queer est difficile à cerner, précise Jacques Martineau. Pour moi, cela concerne les films qui remettent en question la théorie du genre et pas uniquement le cinéma LGBT. » Franck Finance-Madureira, créateur du prix, a aidé les présidents à se fixer les idées. « Il nous a expliqué que le féminisme extrême pouvait aussi entrer dans la catégorie du Queer, insiste Ducastel. Un film hétérosexuel peut donc faire partie de la sélection. » La liberté semble être le maître mot qui régira les débats. « Ce devrait être aussi passionnant que festif », prédit Ducastel.

Sortir d’un public de niche

Les deux réalisateurs ne sont pas sur la même longueur d’onde que Xavier Dolan, le réalisateur de Mommy, qui a déclaré en 2014 que les prix LGBT le dégoûtent. « Sa prise de position est logique pour servir ses ambitions de carrière, explique Martineau. Je le comprends, mais je désapprouve sa façon de cracher à la figure de la communauté gay. » Pour les présidents, des récompenses comme la Queer Palm attirent une attention bienvenue sur des films qui auraient pu être cantonnés à un public de niche. « Aujourd’hui, les grands festivals les prennent de plus en plus en considération ce qui est une victoire », déclare Jacques Martineau. On est impatient de connaître le lauréat 2016.