Mia Hansen-Love: «L’Avenir» du cinéma lui appartient
PORTRAIT•Son dernier film lui a permi d'être consacrée meilleure réalisatrice au festival de Berlin…Stéphane Leblanc
Comme ses précédents films, peu ou prou inspirés d’événements vécus par elle ou par ses proches, L’Avenir puise dans les souvenirs familiaux de Mia Hansen-Love. La cinéaste est revenue du festival de Berlin auréolée du très convoité Ours d’argent du meilleur réalisateur, preuve, s’il en fallait une, de l’étendue de ses qualités.
aMia est jeune et douée
A 35 ans, Mia Hansen-Love est déjà une réalisatrice expérimentée avec cinq films à son actif : Tout est pardonné (2007), Le père de mes enfants (2009), Un amour de jeunesse (2011), Eden (2014) et L’Avenir (2016), tous sélectionnés dans des festivals internationaux et (presque) tous récompensés. Le cinéma, Mia est tombée dedans toute petite « grâce à mes parents », dit-elle. Mais professionnellement, elle débute comme actrice, à 18 ans : un petit rôle dans Fin août début septembre, d’Olivier Assayas, qui deviendra son mentor et son compagnon.
Mia sait s’entourer
Pour L’Avenir, son dernier film, elle fait de nouveau appel à Roman Kolinka, le fils de Richard Kolinka et Marie Trintignant. Roman, elle l’a découvert dans Eden, son précédent film qui raconte l’histoire de la french touch à travers l’expérience de son frère DJ. Mais surtout, elle convaint Isabelle Huppert, sa « mère de cinéma », comme elle dit, d’incarner le personnage principal de la prof de philo émancipée qui ressemble beaucoup à sa mère dans la vraie vie. Cela tombe bien : « Ma mère s’est toujours identifiée à Isabelle Huppert », confie-t-elle.
Mia est sensible et courageuse
Dans les films de Mia Hansen-Love, les personnages sont de vrais petits soldats qui, même abîmés par la vie, s’en sortent malgré tout. « Ce n’est pas que je cherche absolument que mes films se terminent bien. D’ailleurs, la plupart du temps ils ne se terminent ni bien ni mal, précise-t-elle. Il y a souvent une forme d’ambivalence, mais j’ai besoin, moi, de trouver un fil conducteur qui m’amène vers une certaine lumière. » Dans le cas présent, la solution est venue d’Huppert, « qui a la même forme de légèreté et d’autodérision que son personnage », dit-elle. Mia ne s’attendait pourtant pas qu’on lui dise que L’Avenir est son film « le plus joyeux ou le plus drôle », comme ce fut le cas à Berlin.
Mia est libre et cultivée
La réalisatrice est issue d’un milieu qui estime que l’intelligence rend plus fort. C’est ce qu’affirme l’héroïne à maintes reprises dans le film. Mais si L’Avenir touche autant, c’est parce que le film parle de partage du savoir comme acte généreux et universel. « Ce qui m’a amenée à ce film, c’est de montrer la force que donnait à ma mère le fait de cultiver la pensée, de l’enseigner et d’être dans des rapports d’amitié forte avec des jeunes gens qui représentent l’avenir… L’avenir c’est eux, bien sûr, et pas seulement ce qu’elle va devenir. » Même si, en tant que spectateur, on s’en soucie quand même.
Mia cultive la nuance
Pas de gentil, pas de méchant, pas de victimes ni de coupables, on l’aura compris. Mais des vrais gens qui s’intéressent « non pas à ce que l’on est, mais ce qu’on transmet et que les autres peuvent en faire ». Une famille explorée avec tact et délicatesse par une cinéaste sensible, combative et émancipée, qui sait mettre en valeur les qualités et les défauts de ses personnages, les rendre humains tout simplement, si proches de nous…