Benoît Poelvoorde: «L’alcool ne m’intéresse pas, ce sont les alcooliques qui me touchent»
GLOUGLOU•Benoît Poelvoorde retrouve les réalisateurs du « Grand soir » pour un road-movie où il lève le coude avec Gérard Depardieu…Caroline Vié
Dans Saint Amour, le duo Benoît Delépine et Gustave Kervern envoie un père et un fils agriculteurs (Gérard Depardieu et Benoît Poelvoorde) tenter de se réconcilier en suivant la route des vins. Vincent Lacoste, Céline Salette, Chiara Mastroianni, Ovidie et Michel Houellebecq croisent leur chemin dans cette comédie tendrement éthylique dont Benoît Poelvoorde a parlé à 20 Minutes.
Sauriez-vous expliquer pourquoi ce film est si touchant ?
Parce que Benoît Delépine et Gustave Kervern ont gardé une part d’enfance. Ils ont beau avoir la cinquantaine, ils s’amusaient à me taquiner avant la scène de sexe avec Ovidie en me disant : « Demain, c’est quéquette ! » Ce sont des mômes et leurs personnages aussi, ce qui rend leurs tournages délectables et leurs films attendrissants.
Comment Vincent Lacoste a-t-il trouvé sa place dans votre bande ?
Il faut lui rendre hommage, car Gérard et moi sommes infoutus de nous concentrer et faisons beaucoup de bruit. Après sa scène avec nous, Michel Houellebecq, épuisé, a envoyé un mot aux réalisateurs en disant : « Je vous plains sincèrement ». Vincent ne s’est pas laissé intimider par nos grandes gueules. Il a un vrai don pour l’improvisation.
L’alcool, c’est un sujet qui vous touche particulièrement ?
L’alcool ne m’intéresse pas en tant que tel. Ce sont les alcooliques qui me touchent et ce que représentent toutes les addictions dans la vie de quelqu’un. Pour ma part, je ne connais rien au vin, un peu plus à la bière et encore, je suis tout juste de capable de dire ce que j’aime et n’aime pas. C’est du gâchis que de m’inviter à boire de grands crus…
Le goût vous est indifférent ?
Je sais voir si un vin me tord les boyaux et me fait les lèvres mauves, mais mon expertise s’arrête là. Déjà, je n’aime pas le rouge, qui m’endort. Ce que j’apprécie dans le vin blanc est son aspect excitant. Je lui demande avant tout d’être rapidement efficace.
Gérard Depardieu n’a pas essayé de vous initier ?
Si, tout le temps, car lui est un vrai connaisseur. José Garcia et Dany Boon ont essayé aussi. Maintenant, ils me connaissent. Quand Dany commande une bouteille chère et qu’il voit mon air angoissé parce que je crains qu’il n’y en ait qu’une, il me rassure immédiatement en repassant commande. Je préfère la quantité à la qualité.
Vous appréciez la bonne cuisine ?
Pas davantage que les bons vins ! Rien n’est plus cauchemardesque qu’un long repas et je me mets souvent la tête à l’envers parce que je m’emmerde ! C’est dur, parce que mon statut d’acteur fait que je suis parfois reçu par des grands chefs. Il m’arrive d’aller manger un hamburger tout de suite après avoir quitté leur table. Gérard n’arrive pas à s’y faire.
Il aime manger et boire ?
Il adore ça et c’est un connaisseur. Tourner un road-movie avec lui est dément car il trouve toujours quelqu’un pour lui offrir des produits régionaux. A une étape, un éleveur lui a donné douze poulets de Bresse. Il en a fait rôtir un tout de suite, à la cantine, pour le manger en entier alors qu’il n’était pas dix heures du matin.
Et quand vous tourniez au Salon de l’Agriculture ?
Nous étions sans cesse sollicités. Benoît Delépine et Gustave Kervern font partie de ce que j’appelle « le clan des repentis ». Ils ne boivent plus du tout. Gérard ne levait pas le coude sur le tournage, et moi peu. On peut d’ailleurs remarquer que pendant les scènes de dégustation, je ne vide mon verre que quand il s’agit de vin blanc…