«Les chevaliers blancs»: Joachim Lafosse filme «le choc devant l'ampleur du mensonge» de l'Arche de Zoé
AFRIQUE•Le réalisateur de « A perdre la raison » livre avec « Les chevaliers blancs », une poignante aventure humaine inspirée du fait divers humanitaire…Caroline Vié
Joachim Lafosse entraîne Vincent Lindon, Reda Kateb et Louise Bourgoin en Afrique pour Les Chevaliers blancs, une relecture aussi puissante que personnelle de l’affaire de L’Arche de Zoé. Il transporte le spectateur en Afrique, dans un pays fictif, auprès d’une organisation humanitaire française qui n’hésite pas à prendre des libertés avec la déontologie pour exfiltrer des gamins vers la France et des familles. « Je me fous de la véritable affaire, confie le réalisateur à 20 Minutes. Mais elle m’a semblé une bonne façon d’évoquer les rapports entre le Nord et le Sud en montrant à quel point l’enfer peut être pavé de bonnes intentions. »
Loin du réel, proche des personnages
Le réalisateur d’A perdre la raison (2012) n’a pas cherché à reproduire la réalité. « La différence entre un journaliste et moi est que ce dernier cherche l’objectivité alors que je fais vivre des personnages, précise le cinéaste. Ce que je trouvais passionnant dans ce récit est la dislocation du groupe quand il est confronté au cas de conscience que posent les enfants. » Doivent-ils les emmener en France vers leurs familles d’adoption même s’ils n’ont aucune certitude qu’ils sont orphelins ? « J’aimerais que le spectateur soit happé par le récit comme je l’ai été moi-même. Et qu’il réfléchisse sur ce que peut impliquer l’envie de sauver le monde. » Ses acteurs, tous brillants, ne sont pas étrangers à la réussite d’un film à la problématique complexe et au scénario lumineux.
Offrir un film accessible
Si Joachim Lafosse n’aime pas les termes « cinéma populaire », il déclare avoir souhaité réaliser une œuvre accessible. « Notre but avec Vincent Lindon était de poser des questions, pas de donner des réponses. Ni lui, ni moi n’étions en Afrique donc nous ne pouvons en aucun cas avoir la prétention d’asséner des vérités. » C’est ce parti pris qui rend le film palpitant tandis que Joachim Lafosse adopte résolument le point de vue des Africains voyant débarquer une petite bande de Français aux idées généreuses et aux 4X4 rutilants. « J’ai souhaité communiquer le choc que les Africains ont dû ressentir devant l’ampleur du mensonge », précise Joachim Lafosse. Divertissement haut de gamme et réflexion passionnante, Les chevaliers blancs est une remarquable réussite.